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Rocambolesque

Paris
Palais Garnier
06/21/2016 -  et 22, 23, 24, 25 juin 2016
Le Corsaire
Adolphe Adam, Cesare Pugni, Léo Delibes, Riccardo Drigo, Pyotr van Oldenburg, Ludwig Minkus, Yuly Gerber, Boris Fitinhof-Schnell, Albert Zabel (musique), Anna-Marie Holmes (mise en scène et chorégraphie, d’après Marius Petipa et Constantin Sergeïev)
Tamara Rojo*/Alina Cojocaru/Erina Takahashi/Laurretta Summerscales (Médora), Isaac Hernández*/Osiel Gouneo/Yonah Acosta (Conrad), Shiori Kase*/Laurretta Summerscales/Ksenia Ovsyanick (Gulnare), Ken Saruhashi*/Jinhao Zhang/Brooklyn Mack/Junor Souza/Fernando Bufalá (Lankendem), Yonah Acosta*/Cesar Corrales/Fernando Bufalá (Birbanto), Cesar Corrales*/Yonah Acosta/Jinhao Zhang/Isaac Hernández (Ali), Michael Coleman (Pacha), English National Ballet
Orchestre Colonne, Gavin Sutherland*/Alex Ingram (direction musicale)
Bob Ringwood (décors et costumes), Neil Austin (lumières)


(© Ula Blocksage/Opéra national de Paris)


C’est la première fois que la deuxième compagnie de ballet de la capitale britannique est invitée par l’Opéra de Paris. Aucune compagnie britannique n’avait dansé au Palais Garnier depuis soixante-dix ans. L’événement avait attiré à la première représentation un public nombreux, connaisseur et enthousiaste d’autant que Le Corsaire n’est pas au répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris.


L’English National Ballet est une troupe itinérante dont la direction artistique a été reprise en 2012 par l’Espagnole Tamara Rojo danseuse du Royal Ballet qui, succédant à Wayne Eagling, a voulu en refondre complétement le répertoire. Elle a pour cela engagé de nouveaux solistes de premier plan, bénéficiant de l’éviction dans des circonstances pas très glorieuses du Royal Ballet de l’étoile roumaine Alina Cojocaru, qui dansera en alternance avec elle pendant cette tournée Médora, le rôle féminin principal du Corsaire.


On assiste à une véritable renaissance de ce ballet à grand spectacle créé en 1856 à l’Opéra de Paris (alors Théâtre Imperial) qui, ayant délaissé le répertoire des compagnies occidentales, était réduit à son Pas de deux immortalisé à jamais par Rudolf Noureev et Margot Fonteyn, exercice obligé de tous les concours et galas de danse classique. On a salué ici la sortie chez Opus Arte du DVD de la chorégraphie qu’en avait réalisé en 2013 le chorégraphe et danseur étoile du Ballet de l’Opéra de Paris Kader Belarbi, alors nouvellement nommé à la tête du Ballet du Capitole de Toulouse. Le DVD du Corsaire de l’English National Ballet a vite suivi chez le même éditeur (voir ici). Il revient aux sources de l’original. Anna-Marie Holmes, qui en signe chorégraphie et mise en scène, revendique comme influence autant la version de Marius Petipa que celles qu’elle a réalisées pour les compagnies américaines, le Boston Ballet (1997) et l’American Ballet Theater (1998), elles-mêmes inspirées de la chorégraphie de Constantin Sergeïev (1974) pour la troupe du Kirov. L’ensemble peut paraître un peu long et la fin un peu abrupte mais contient de grands moments. Le célèbre Pas de deux y est remplacé par un Pas de trois beaucoup plus élaboré. L’ensemble est très théâtral et, avec sa pantomime un peu appuyée, a des réminiscences de cinéma muet.


Décors et costumes sont signés par Bob Ringwood, célèbre décorateur américain de théâtre et de films (notamment Batman, Alien 3, Star Trek: Nemesis et Troy) et revendiquent leur influence tant orientaliste du XIXe siècle que hollywoodienne. Ils sont très réussis et assurent au ballet son caractère spectaculaire. La chorégraphie est parfaitement réglée, le corps de ballet impeccable ainsi que les multiples seconds rôles et silhouettes de cette action assez rocambolesque.


Pour la première soirée, Tamara Rojo a dansé le rôle de Médora avec autant de grâce que de splendeur technique. Son partenaire Conrad était rien moins que le Mexicain Isaac Hernández, étoile montante de la scène londonienne, aussi superbe techniquement qu’artistiquement; les deux forment un couple parfaitement apparié. C’est cependant le Cubain Cesar Corrales, dans le rôle d’Ali, qui leur a volé la vedette, faisant dans le grand Pas de deux légendaire (ici Pas de trois) une démonstration de technique époustouflante comme on n’en voit plus sur cette scène... Birbanto, perfide second de Conrad, était dansé par le Cubain Yonah Acosta, très alerte et bon comédien. Le rôle du Pacha, personnage cocasse dans sa lubricité et perdu dans ses rêves d’opium, était tenu avec humour par le danseur anglais vétéran Michael Coleman. Superbes aussi les danseuses du trio d’odalisques Ksenia Ovsyanick, Rina Kanehara et Laurretta Summerscales. Gavin Sutherland a dirigé avec subtilité et autorité cette partition patchwork qui combine la musique de pas moins de neuf compositeurs et comporte de façon très déséquilibrée des pages superbes et d’autres dignes d’un cirque.



Olivier Brunel

 

 

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