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Julien Leroy, nouvelle étoile montante de la direction d’orchestre

Paris
Maison de la radio
06/04/2016 -  
Yan Maresz : Répliques (création)
Magnus Lindberg : Corrente II
Witold Lutoslawski : Symphonie n° 4

Nicolas Tulliez (harpe), Thomas Goepfer (réalisation informatique musicale Ircam)
Orchestre philharmonique de Radio France, Julien Leroy (direction)


J. Leroy (© Phuong N’Guyen)


Ce troisième volet du festival ManiFeste affichait une création de Yan Maresz et prolongeait la carte blanche donnée il y a peu à Magnus Lindberg en programmant l’une de ses œuvres majeures pour orchestre. L’ultime symphonie de Witold Lutoslawski refermait une soirée où le brillant Julien Leroy (né en 1983) dirigeait un «Philhar» des grands soirs.


«Plutôt une pièce pour orchestre avec harpe obligée», précise Jérémie Szpirglas au sujet de Répliques. Nicolas Tulliez y est en effet omniprésent. Loin d’aller à l’encontre de la généalogie d’un instrument associé à la musique française du début du siècle dernier, Yan Maresz (né en 1966) semble s’être amusé à le solliciter à travers ses gestes archétypaux, auxquels l’électronique confère une aura nouvelle: glissandos impressionnistes, fusées cristallines dans l’aigu, «tricotage» alterné aux deux mains... Le début voit les instruments de l’orchestre imiter la harpe au moyen de cliquetis en pizzicato, avant que le compositeur ne creuse davantage l’espace en opposant l’évanescence du soliste, flanqué du clavier midi et du célesta, aux interjections caverneuses du tuba. La couleur générale évolue néanmoins dans les mêmes tons, à l’image d’un délicat camaïeu – impression renforcée par le statisme dynamique de la dernière partie.


Rien de moins statique que Corrente II (1992) de Magnus Lindberg (né en 1958), version amplifiée et révisée pour grand orchestre de Corrente pour seize musiciens. Volontairement narrative, propulsée par une énergie peu commune, l’œuvre marque un nouveau départ pour le compositeur, qui s’emploie à combiner «patterns rythmiques» et «agrégats de gammes». Le résultat tient l’auditeur en haleine vingt minutes durant. On y trouve à la fois un art consommé de l’orchestration, et une forme donnant l’impression de s’autogénérer au fil de sa progression. Ostinatos, mini-cadences (piano, quatuor à cordes) agrémentent une matière en fusion que clôturent solennellement trois accords orchestrés à la manière d’un grand orgue. L’impact de cette musique, très applaudie par le public, doit aussi beaucoup à la maestria de Julien Leroy, qui connaît manifestement la partition funditus, faisant montre d’une maîtrise impressionnante des moments de tension et de détente comme des embardées marquant le début d’un nouvel épisode.


Dans la Quatrième Symphonie (1992) de Witold Lutoslawski (1913-1994), l’aléatoire contrôlé cher au Polonais somme le chef de laisser jouer par endroits les musiciens ad libitum, sans naturellement lui aliéner le contrôle général de l’œuvre. Julien Leroy s’est de nouveau montré à la hauteur de l’enjeu. Mieux: la performance superlative des membres du Philharmonique de Radio France, décidément dans une forme olympique ces temps-ci, a hissé cette symphonie, d’allure plus modeste que ses cadettes, au rang d’une méditation d’ordre métaphysique, caractérisant avec soin les passages d’une «gravité élégiaque», les «lignes mélodiques et rythmiques d’allure néoclassique» et les «textures harmoniques simples et légères» (extraits des notes de programme). Par leur remarquable contrôle de la trajectoire, baignant l’ensemble dans un climat onirique, les musiciens ont livré une interprétation envoûtante qui relie le testament symphonique du maître aux Espaces du sommeil sur un poème de Robert Desnos, œuvre majeure écrite en 1975 à l’attention de Dietrich Fischer-Dieskau.


Le site de ManiFeste
Le site de Yan Maresz
Le site de Nicolas Tulliez



Jérémie Bigorie

 

 

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