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Culture matinale Vienna
Konzerthaus
05/01/2016 -
Stefan Mickisch présente Rusalka de Dvorák
S. Mickisch (© http://www.mickisch.de)
Si Stefan Mickisch est une star dans les pays germanophones, il reste bien moins connu dans le reste du continent malgré des apparitions ponctuelles à la BBC et sur ARTE. Sa spécialité: les conférences-concerts traitant des opéras postromantiques proches du style wagnérien. Bien que d’origine allemande, le pianiste parle un allemand plus proche de l’autrichien que du hochdeutsch: les souvenirs de lycée se révèleront donc rapidement insuffisants pour pleinement profiter du spectacle. Le public averti du dimanche matin ne s’y était pas trompé: nulle trace visible de touriste ou d’expatrié dans les rangs d’un public résolument viennois.
Sur scène, Stefan Mickisch parvient à recréer l’ambiance intimiste d’un salon. Malgré la présence du microphone, il donne l’impression de nous inviter chez lui plutôt que de se produire en concert. Plusieurs éléments y contribuent: visuellement tout d’abord, la scène est réduite à la longueur du piano, de nombreuses chaises à disposition des auditeurs encadrant le musicien. Y contribue aussi l’attitude un brin débonnaire du pianiste, celui-ci arrivant avec une construction de papier sous le bras, contenant un collage des extraits utilisés et censé résoudre les problèmes de tourne. Enfin, si Mickisch est pianiste de formation, il ne faut pas s’attendre non plus à une interprétation magistrale de l’œuvre: on entend plutôt un formidable musicien qui livre sans cérémonie une réduction d’opéra, modelant la partition afin de rendre audible les effets orchestraux prouvant son analyse et n’hésitant pas à y insérer subrepticement des emprunts à Wagner ou Beethoven pour le plus grand divertissement du public.
Mickisch rythme avec précision l’alternance entre interventions orales et illustrations musicales: il délivre à l’occasion de longs monologues pour situer le contexte du livret (se délectant avec ironie d’extraits de l’ouvrage occulte de Franz Hartmann Elementargeister qu’on pourrait traduire par Les Eléments et leurs Esprits – un livre qui fournit avec une précision scientifique les détails des caractéristiques des nymphes, gnomes et autres sylphides!); il sait aussi enchaîner avec souplesse musique et explications musicologiques, s’amusant à imaginer des améliorations possibles à l’harmonie de Dvorák; il interprète enfin des extraits ininterrompus au piano en clôture de chaque partie du spectacle.
En conclusion, une excellente introduction à l’opéra de Dvorák, jubilatoire et bien dosée, mais qui ne s’apprécie qu’avec une excellente maîtrise de la langue de Strauss.
Le site de Stefan Mickisch
Dimitri Finker
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