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Tra parole e canto

Venezia
Scuola Grande San Giovanni Evangelista
04/09/2016 -  
Benjamin Godard : Le Tasse, opus 39: Prélude, Air de Léonora «Il m’est doux de revoir la place», Duo du Tasse et de Léonora «La nuit se fait plus belle» & Air du Tasse «Plaines de mon pays» – Le Petit Ruisseau – Les Larmes – Je respire où tu palpites – Valse n° 5 «Chromatique», opus 88 – Le Sentier – Les Guelfes, opus 70: Prélude, Air de Jeanne «Là-bas, vers le palais» & Duo de Jeanne et Henry «Henry! Ma bien-aimée!» – Pedro de Zalamea, opus 79: Romance de Pedro «Combien de fois j’ai rêvé», Romance d’Isabelle «La fleur que j’aime est solitaire» et Duo d’Isabelle et Alvar «Madame... Cette voix...» – Ninon – Amour fatal – Viens – Nocturne n° 4, opus 150 – Jocelyn, opus 100: Berceuse de Jocelyn «Cachés dans cet asile» & Duo de Laurence et Jocelyn «Laurence! Mon ami!»
Olivia Doray (soprano), Cyrille Dubois (ténor), Tristan Raës (piano)


T. Raës, C. Dubois, O. Doray (© Palazzetto Bru Zane/Rocco Grandese)


La Fondation Bru Zane fait désormais partie intégrante du paysage musical français. On la retrouve derrière de nombreux projets musicologiques, éditoriaux, de concerts et enregistrements. Après s’être consacrée à des compositeurs du XIXe siècle tels George Onslow, Ferdinand Hérold, Félicien David et plus récemment Marie Jaëll, son dernier projet en date est la réhabilitation de la musique de Benjamin Godard (1849-1895). Compositeur prolixe à l’époque de la Troisième République, il fut joué dans les célèbres salons qui avaient un rôle-clé de diffusion de la musique et a composé autant pour son instrument, le piano, que pour la voix.


C’est à cet aspect de sa production qu’était consacré le premier des deux concerts du festival «Benjamin Godard dans les salons parisiens» programmés en un week-end à Venise par la Fondation Palazzetto Bru Zane-Centre de musique romantique française (FPBZ) qui se poursuivra par de nombreux concerts jusqu’à la fin de la saison en juin. Pour faire sortir Benjamin Godard de sa réputation figée de compositeur de «Non, ne t’éveille pas encore», la Berceuse de l’opéra Jocelyn, l’équipe de la Fondation, et particulièrement son directeur scientifique, le musicologue Alexandre Dratwicki, a réuni un certain nombre d’interprètes motivés et spécialisés dans ce répertoire. On connaît par le disque (Aparté) un florilège de mélodies pour baryton interprétées par Tassis Christoyannis et Jeff Cohen, qui les chanteront sur place le 3 mai. Ce concert comportait un généreux programme de mélodies pour ténor et soprano ainsi que des extraits d’opéras et de sa symphonie dramatique Le Tasse, et donnait à son accompagnateur l’occasion de briller en soliste dans deux pièces choisies dans l’impressionnant catalogue pour piano du compositeur, autre volet de sa production pour lequel la FPBZ s’est engagée dans un vaste projet discographique.


Un excellent trio d’interprètes défendait ce florilège. La soprano Olivia Doray, qui a déjà chanté dans ces lieux Félicien David en 2014, a une grande voix lyrique parfaitement adaptée à la mélodie mais étonnante dans les rôles de tessitures variées qu’elle a eu à défendre tout au long de la soirée, extraits d’ouvrages aussi variés de style que la symphonie dramatique Le Tasse (1878), les opéras Les Guelfes (1882) et Jocelyn (1888), ou Pedro de Zalamea (1884), qui s’apparente d’avantage à l’opéra comique. Elle n’échappe pas toujours à la grande difficulté de la prononciation française trop souvent sacrifiée à la ligne vocale mais compte tenu de l’ambition du programme, elle y a excellé d’un bout à l’autre.


Cyrille Dubois est un ténor léger dont la voix convient mieux aux mélodies qu’à l’opéra, dans lequel il est obligé de forcer au détriment de la sûreté vocale. Il s’est distingué à l’Opéra de Paris dans Le Roi Arthus de Chausson et plus récemment dans Mithridate de Mozart au Théâtre des Champs-Elysées. Il brille par une prononciation impeccable et une grande distinction stylistique. Les airs d’opéra avec leurs tessitures parfois cruelles l’ont mis plus d’une fois à rude épreuve.


Le pianiste lillois Tristan Raës a réussi un tour de force en accompagnant seul toute la soirée avec des transcriptions de partitions lyriques, certes très bien écrites pour le clavier par le pianiste émérite qu’était Benjamin Godard, mais souvent très acrobatiques. Et il s’est distingué dans deux de ses pièces pour piano, une Valse chromatique, pièce de circonstance dans le style des Etudes de Chopin, mais surtout dans un magnifique Nocturne, le dernier des quatre Nocturnes pour piano, qui sont de la maturité de Godard et comptent des harmonies très insolites et de réelles difficultés techniques.


Une très belle soirée donnée dans le cadre somptueux de la Scuola Grande San Giovanni Evangelista, voisine du Palazzetto, édifice de la Renaissance dont la salle supérieure, à l’acoustique très satisfaisante, est ornée de peintures du XVIIIe siècle sur le thème du Triomphe de la Croix.


Le site de la Fondation Palazzetto Bru Zane
Le site de Cyrille Dubois



Olivier Brunel

 

 

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