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Le dîner des boss

Milano
Teatro alla Scala
04/03/2016 -  et 6, 10*, 20, 23, 28 avril, 4, 7 mai 2016
Umberto Giordano : La cena delle beffe
Marco Berti (Giannetto Malespini), Nicola Alaimo (Neri Chiaramantesi), Leonardo Caimi (Gabriello Chiaramantesi), Luciano Di Pasquale (Il Tornaquinci), Giovanni Romeo (Il Calandra), Frano Lufi (Fazio), Francesco Castoro (Il Trinca), Bruno de Simone (Il Dottore), Edoardo Milletti (Lapo, Un cantore), Kristin Lewis (Ginevra), Jessica Nuccio (Lisabetta), Chiara Tirotta (Laldomine), Federica Lombardi (Fiammetta), Chiara Isotton (Cintia)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Carlo Rizzi (direction musicale)
Mario Martone (mise en scène), Margherita Palli (décors), Ursula Patzak (costumes), Pasquale Mari (lumières)


(© Teatro alla Scala / Marco Brescia-Rudy Amisano)


La Scala vient d’exhumer avec grand succès une rareté, La cena delle beffe (en français Le Festin des ricaneurs) d’Umberto Giordano (1867-1948). Comptant parmi les dernières partitions lyriques du compositeur, l’œuvre a été créée à Milan par Arturo Toscanini en 1924, soit à une époque où l’étoile du vérisme commençait déjà à pâlir. L’ouvrage est fondé sur la pièce éponyme (1908) de Sam Benelli, l’un des plus grands succès du théâtre italien du début du XXe siècle. Le dramaturge adapta lui-même son texte pour l’opéra de Giordano. L’action se déroule dans la Florence de Laurent de Médicis et narre la rivalité entre deux familles, dont les chefs sont amoureux de la même femme, la belle Ginevra, objet plus ou moins consentant de toutes les convoitises. L’opéra est parsemé d’épisodes violents et se termine par la mort ou la folie de tous les personnages ou presque. La première eut beau connaître un succès triomphal, la Scala ne reprit l’ouvrage qu’une seule fois, en 1926. Si ce dernier a été représenté dans plus de 40 villes jusqu’en 1930, il est ensuite tombé dans l’oubli, même dans la Péninsule. Pour la petite histoire, on notera qu’une nouvelle production importante de l’ouvrage a eu lieu à Zurich en 1995, dans une mise en scène de Liliana Cavani. A l’époque, le directeur de l’Opernhaus n’était autre qu’Alexander Pereira, qui donne aujourd’hui une nouvelle chance à l’opéra de Giordano à Milan, 90 ans après ses dernières représentations à la Scala.


La cena delle beffe est une partition violente, grotesque et macabre de jalousie et de vengeance. Le metteur en scène Mario Martone a eu l’heureuse idée de s’éloigner de la Florence de la Renaissance du livret pour transposer l’action à Little Italy dans les années 1920, soit à l’époque de la composition de l’opéra. Les deux chefs de famille sont ici les boss de clans rivaux. Le spectacle contient de nombreuses références cinématographiques, au premier rang desquelles on trouve Le Parrain. La scénographe Margherita Palli a conçu un dispositif impressionnant de 9 mètres de haut figurant trois étages d’un immeuble, avec la salle d’un restaurant au rez-de-chaussée, des chambres à coucher au-dessus et une cave servant notamment de salle de torture au-dessous. L’orchestration de Giordano est particulièrement riche et luxuriante, avec des débordements faisant écho à la violence du livret. Le chef Carlo Rizzi a l’immense mérite d’en offrir une lecture très contrôlée, certes dynamique et passionnée, mais sans effets de manche, ce qui évite aux chanteurs de devoir s’époumoner. La distribution vocale est solide et homogène. Marco Berti tire parfaitement son épingle du jeu dans un rôle aux aigus nombreux et meurtriers. Avec son physique imposant et sa voix sonore très bien projetée, Nicola Alaimo incarne à merveille la noirceur du personnage de Neri. Si Kristin Lewis ne convainc pas totalement en Ginevra en raison de ses aigus stridents et de la puissance limitée de sa voix, on retient surtout la Lisabetta au timbre soyeux et à la ligne de chant homogène de Jessica Nuccio. Il ne reste plus qu’à espérer que le succès de cette production permettra le retour de La cena delle beffe sur les scènes lyriques.



Claudio Poloni

 

 

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