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Le jeune Verdi très bien servi à la Scala

Milano
Teatro alla Scala
02/25/2016 -  et 1er, 4*, 9, 12, 15, 18, 22, 25 mars 2016
Giuseppe Verdi : I due Foscari
Plácido Domingo*/Luca Salsi (Francesco Foscari), Francesco Meli (Jacopo Foscari), Anna Pirozzi (Lucrezia Contarini), Andrea Concetti (Jacopo Loredano), Edoardo Milletti (Barbarigo), Chiara Isotton (Pisana), Azer Rza-Zade (Fante), Till Von Orlowsky/Modestas Sedlevicius* (Servo)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Michele Mariotti (direction musicale)
Alvis Hermanis (mise en scène et décors), Kristine Jurjane (costumes), Gleb Filshtinsky (lumières), Alla Sigalova (chorégraphie), Ineta Sipunova (vidéo), Olivier Lexa (dramaturgie)


(© Brescia/Amisano – Teatro alla Scala)


< Pour le mélomane qui a vu La Damnation de Faust à Paris en décembre, il est difficile d’imaginer que I due Foscari actuellement à l’affiche à la Scala a été conçu par le même metteur en scène. Le classicisme « à l’ancienne » de la production milanaise est en effet à des années-lumière des élucubrations scientifiques et spatiales servies à la Bastille. Et pourtant, c’est Alvis Hermanis – aujourd’hui très demandé sur les scènes lyriques – qui a imaginé les deux spectacles. Pour s’imprégner de l’opéra de Verdi, l’artiste letton a passé beaucoup de temps à Venise (lieu de l’action de l’ouvrage), afin notamment d’étudier les peintures de Bellini et du Tintoret. Le résultat ? De somptueux costumes du XVIIe siècle, des toiles peintes inspirées de tableaux de la même époque, des projections de photographies de la Sérénissime cachée sous la brume et des statues de lions (symbole de la cité des Doges) à foison sur le plateau, le tout encadré par de grands panneaux aux teintes pastel devant symboliser le déclin de la famille Foscari et, partant, celui de la glorieuse cité. Si, visuellement, ce spectacle est une réussite, la direction d’acteurs, elle, se réduit au strict minimum, avec le plus souvent des chanteurs sur le devant de la scène, bras levés. Contrairement à Paris, il n’y a pas eu de bronca à Milan, où le spectacle n’a suscité qu’une indifférence polie.


I due Foscari a été créé à Rome en novembre 1844, trois mois seulement avant la première de Giovanna d’Arco à Milan en février 1845, une Giovanna d’Arco, soit dit en passant, qui vient d’ouvrir la saison 2015-2016 de la Scala. A la différence des autres opéras de jeunesse de Verdi, I due Foscari – inspiré d’un ouvrage de Lord Byron –, est une partition plutôt sombre et intimiste, qui recèle néanmoins des thèmes chers au compositeur, notamment la relation père-fille, qui atteindra son apogée dans Luisa Miller et Rigoletto. Et comment ne pas voir dans le vieux Foscari, qui, victime de sombres machinations du pouvoir, perd à la fois son fils et son trône, le précurseur de Simon Boccanegra et de Philippe II ?


De tous les rôles de baryton abordés jusqu’ici par Placido Domingo, celui de Francesco Foscari est indéniablement celui qui lui convient le mieux. Avec sa barbe et ses cheveux blancs, le chanteur incarne à merveille le vieux doge tiraillé entre la raison d’Etat et son rôle de père, conférant émotion et humanité à son personnage. Même si le timbre clair de Domingo ne sera jamais celui d’un véritable baryton, on ne peut qu’admirer sa diction irréprochable, son sens du « legato » et du phrasé, sa musicalité et son expressivité. A 75 ans, il n’a de surcroît rien perdu de sa présence scénique. Avec son chant nuancé et délicat, au lyrisme ardent et gorgé de soleil, Francesco Meli offre une belle incarnation d’un fils Foscari introverti et résigné. Un cran en dessous, Anna Pirozzi prête aplomb et énergie à Lucrezia Contarini, belle-fille du doge, malgré des stridences dans la voix et des problèmes d’intonation. Dans la fosse, Michele Mariotti tire parti du son chaud et soyeux de l’Orchestre de la Scala pour offrir une lecture énergique et fine à la fois, teintée de couleurs et de nuances variées, sans aucun effet de manche. Après le succès de Giovanna d’Arco, I due Foscari vient prouver que le jeune Verdi est actuellement très bien servi à la Scala.



Claudio Poloni

 

 

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