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Paavo Järvi dans le nord

Paris
Philharmonie 1
03/02/2016 -  et 3 mars 2016
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 3, opus 37
Carl Nielsen : Concerto pour flûte
Jean Sibelius : Symphonie n° 3, opus 52

Radu Lupu (piano), Vincent Lucas (flûte)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


R. Lupu (© Ivan Malý)


Radu Lupu est de retour à l’Orchestre de Paris. Paavo Järvi et lui avaient donné, ici, un Premier Concerto de Beethoven léger et volubile. Les voici dans le Troisième, que le pianiste, curieusement, joue de la même façon. Il semble même l’interpréter à distance, comme s’il était ailleurs, tel un Wanderer schubertien : plus rien de dialectique, plus de tensions. Est-ce encore Beethoven qu’on écoute ? Le discours, du coup, se défait, se dénerve, sacrifié à la pure beauté de la sonorité et du phrasé – du bel canto pianistique, finalement, où l’expression se sublime dans la perfection de la plasticité. Une fois avalé ce qui relève quand même du contresens ou du hors-sujet, on reste en effet fasciné par l’éventail dynamique, par cette façon de creuser la moindre nuance sans le détimbrer, de tirer de l’instrument des sonorités inouïes, d’aller presque au-delà du piano. Dans le Premier Concerto, Paavo Järvi n’échappait pas à une certaine sécheresse. C’est, ici, tout le contraire : pour être à l’unisson, il opte pour une direction très chambriste, parfois au bord de la confidence, pour une rondeur presque ouatée par endroits. En bis, l’Andante cantabile de la Sonate K. 330 de Mozart, pas moins revisité, entre l’impromptu schubertien et la rêverie schumanienne.


La seconde partie nous ramène à plus d’orthodoxie. De toute façon, Järvi y est chez lui : il dirige des musiques du Nord. Atypique, relevant à l’occasion du concerto grosso, le Concerto pour flûte de Nielsen est plein d’élan, euphorique et parfois piquant, avec un Vincent Lucas exemplaire, par l’homogénéité charnue de la sonorité, le modelé des phrasés, le mélange de lyrisme et d’ironie, la maîtrise absolue de l’instrument. La Troisième Symphonie de Sibelius, jalon d’une intégrale que le disque va heureusement pérenniser, ne le cède en rien au Concerto. La clarté des lignes, l’équilibre des plans sonores restituent la lumière très classique d’une partition dont la direction se plaît à souligner la verdeur pastorale – un chef d’orchestre l’associera-t-il un jour à la Pastorale de Vaughan-Williams ? Mais elle évite l’écueil de la dispersion, que la structure, la conception du temps musical très particulières – et désormais caractéristiques de Sibelius - provoquent parfois : Järvi nous rappelle que, alors qu’elle paraît rhapsodique, la Symphonie reste très construite, jusqu’à la panthéiste apothéose finale. On a beau admirer le pianiste roumain, c’est cette seconde partie que l’on retient d’abord.



Didier van Moere

 

 

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