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Soirée britannique

Vienna
Konzerthaus
02/21/2016 -  et 14 (London), 17 (Canterbury) octobre 2015, 18 février 2016 (Bath)
Georg Philipp Telemann : Ouverture en fa, TWV 55/F3 (extraits) – Cantate «Ich weiss, dass mein Erlöser leb», TWV 1/873: «Ich weiss, dass mein Erlöser leb» – Der Tod Jesu, TWV 5/6: «So stehet ein Berg Gottes»
Georg Friedrich Händel: Concerto grosso en mi mineur, opus 6 n° 3, HWV 321 – Ariodante, HWV 33: «Scherza, infida, in grembo al drudo» – Acis and Galatea, HWV 49: «Love sounds th’alarm» – Silete venti, HWV 242 – Water Music: Suite n° 1, HWV 348 (extraits)

Ian Bostridge (ténor)
Orchestra of the Age of Enlightenment, Steven Devine (clavecin et direction)


(© Eric Richmond/Harrison Agency)


Une poignée de musiciens, surplombés par un immense théorbe, officient sur la vaste scène du Konzerthaus ce dimanche soir. Une Ouverture de Telemann débute avec légèreté la première partie; avec beaucoup d’allant, parfois à la limite de l’emballement, l’œuvre est dominée par les deux cornistes placés debout derrière les violons. Steven Devine dirige du clavecin, propulsant les entrées de gestes précis – parfois assis, parfois à demi levé.


Le Concerto grosso opus 6 n° 3 de Händel gagne en profondeur, différenciant les timbres et sculptant les nuances entre les pupitres. Malgré un nombre réduit de musiciens, l’ensemble parvient à obtenir des effets de masse sonore, démontrant leur homogénéité: à huit violons on ne peut pas tricher! Les mouvements s’enchaînent quasiment sans interruption, contribuant à la vitalité de l’interprétation.


Le ténor anglais Ian Bostridge fait son entrée et impressionne par son intelligence de la partition. Qui a lu son ouvrage sur le cycle Le Voyage d’hiver ne s’en étonnera pas; l’homme est intellectuel, cultivé et partage son érudition sans prétention, sans jamais ennuyer son entourage. On perçoit instantanément la minutie avec laquelle les textes des œuvres ont été étudiés (il chante avec partition, d’ailleurs), et il les délivre avec une brûlante intensité. Sans lyrisme outrancier, il use d’une palette apparemment infinie de couleurs et de nuances pour varier les strophes avec une inventivité toujours renouvelée. C’est peut-être là sa principale force: une imagination ludique, sous une apparence flegmatique, au service du texte et de la musique; une écoute attentive qui lui permet d’adapter en permanence son phrasé aux réponses de l’orchestre.


L’orchestre accompagne avec subtilité, personnalisant les timbres des groupes d’instruments pour s’insérer dans la partie vocale. S’il fallait choisir un sommet de la soirée, ce serait «Scherza, infida» de Händel; quelle émotion pudique du soliste, quelle entrée du basson se fondant dans le timbre de sa voix!


Les extraits de Water Music recréent l’atmosphère originelle de plein air, et on sent les influences de la danse très présentes. Le ténor revient enfin sur scène pour conclure sur un émouvant bis, «Bist du bei mir», pièce à l’histoire mouvementée longtemps attribuée à Bach (de son origine contestée à la redécouverte récente du manuscrit).


Derrière l’austérité apparente de cette soirée (presque) exclusivement britannique, on ressentait simultanément une pointe de fantaisie qui en faisait tout le charme. Pour preuve, allez visiter le site de l’orchestre, qui réussit la prouesse de combiner le didactisme d’un site de la BBC à la loufoquerie des Monty Python.


Le site de l’Orchestre de l’Age des Lumières
La campagne photo de l’orchestre
Un compte du livre d’Ian Bostridge sur Le Voyage d’hiver



Dimitri Finker

 

 

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