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Adrienne Lecouvreur privée de scène

Bruxelles
Bozar (Salle Henry Le Bœuf)
02/17/2016 -  et 21* février 2016
Francesco Cilea: Adriana Lecouvreur
Lianna Haroutounian (Adriana Lecouvreur), Leonardo Caimi (Maurizio), Daniela Barcellona (La Principessa di Bouillon), Carlo Cigni (Il Principe di Bouillon), Raúl Giménez (L’Abate di Chazeuil), Roberto Frontali (Michonnet), Maria Celeng (Madamigella Jouvenot), Maria Fiselier (Madamigella Dangeville), Alessandro Spina (Quinault), Carlos Cardoso (Poisson), Bernard Giovani (Un Maggiordomo)
Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Evelino Pidò (direction)


L. Haroutounian (© Agentur)


La belle initiative que voici. Après Hansel et Gretel et Le Démon, la Monnaie présente au Bozar Adrienne Lecouvreur (1902), le seul opéra de Cilea à se maintenir au répertoire mais qui n’a pas encore été monté dans ce théâtre. Il faut pourtant se contenter d’une version de concert traditionnelle où les chanteurs adoptent un comportement ordinaire, contrairement, la saison dernière, à L’Enlèvement au sérail et au Barbier de Séville de Paisiello, à la théâtralité plus affirmée. Il s’agit cependant de la seule réserve à l’encontre de cette exécution aboutie. Ainsi défendu avec autant de conviction et de maîtrise, cet ouvrage vaut le meilleur Puccini. L’orchestration porte, en effet, la marque d’un compositeur habile, capable d’imaginer et d’exploiter des thèmes mémorables qui parcourent cet ouvrage de belle facture. La musique évoque celle de Massenet par certains aspects, comme la clarté ou la couleur, davantage que celle de Leoncavallo ou de Mascagni. Le compositeur français, à ce propos, aurait très bien pu, lui aussi, consacrer un opéra à cette illustre comédienne du dix-huitième siècle.


La distribution ne comporte aucune étoile du chant mais elle n’en offre pas moins de nombreux motifs de satisfaction. S’identifiant intimement à son personnage, Lianna Haroutounian répond au profil d’Adrienne Lecouvreur, qu’elle incarne, pour la première fois, avec justesse. Voix au grave corsé, au médium onctueux et à l’aigu assuré, la soprano arménienne livre une prestation d’une grande maîtrise et apporte à ce rôle de comédienne valorisant tout à la fois de la passion, de la sensibilité et de la délicatesse. Daniela Barcellona en impose en Princesse de Bouillon, pas uniquement à cause de sa taille: ce contralto à la tessiture remarquable et à la vocalité exemplaire se montre très crédible en grande dame jalouse et vengeresse dont elle n’accuse pas le trait méchant outre mesure.


Ténor au timbre lumineux et au tempérament affirmé, Leonardo Caimi affiche en Maurice une tenue stylistique irréprochable, maintenant constamment élevée la qualité du legato et de la projection. Le Prince de Bouillon convenablement chanté de Carlo Cigni retient moins l’attention que l’abbé de Raúl Giménez, ténor de caractère stylé. Mais c’est Roberto Frontali qui se démarque le plus parmi les hommes. Caractérisant finement le personnage de Michonnet, le baryton délivre un chant de grande école: élocution subtile, ligne vocale splendide, sur le plan, notamment, du phrasé et de l’émission. Les chanteurs chargés des rôles secondaires paraissent à leur avantage; les demoiselles Jouvenot et Dangeville vont ainsi à ravir à Maria Celeng et à Maria Fiselier.


La Monnaie ferait bien de confier chaque année un opéra en version de concert à Evelino Pidò et même de lui proposer, après les travaux, de descendre dans la fosse. Sa direction fluide et précise révèle les subtilités et les détails de l’orchestration. Tout au plus faut-il lui reprocher d’abuser du fortissimo de temps à autre mais le chef confère de la noblesse à la musique sensible et raffinée de Cilea. L’orchestre, à la sonorité séduisante, se montre très inspiré, autant dans les élans dramatiques que dans les scènes pittoresques. Il y a beaucoup à admirer dans ses rangs: des cordes soignées, des bois fins, des cuivres imposants, des percussions précises. Intervenant peu, les chœurs, bien préparés, décrochent tout de même une mention bien.



Sébastien Foucart

 

 

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