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En terrain conquis

Paris
Salle Gaveau
02/02/2016 -  et 9 décembre 2014 (Grenoble)
«Airs pour Farinelli»
Nicola Porpora: Agrippina: Sinfonia – Polifemo: récitatif «Oh volesser gli Dei» et air «Dolci freschi aurette» & «Alto Giove» – L’Angelica: «Il piè s’allontana» – Semiramide Regina di Assiria: «Come nave in ria tempesta»
Pietro Torri : Nicomede: «Vò che in mezzo del furore»
Antonio Vivaldi : Concerto pour deux violons et violoncelle en sol mineur, RV 587a
Riccardo Broschi : Idaspe: «Qual guerriero in campo armato» – Artaserse: «Son qual nave ch’agitata»
Johann Adolf Hasse : Fuga e Grave en sol mineur
Geminiano Giacomelli : La Merope: «Sposa non mi conosci»

Vivica Genaux (mezzo-soprano), Bérénice Lavigne (violon), Frédéric Baldassare (violoncelle)
Les Musiciens du Louvre, Thibault Noally (violon solo et direction)


T. Noally, V. Genaux (© S. Gauthier)


Après avoir donné il y a plusieurs années un magnifique récital consacré à Händel et Hasse au Théâtre des Champs-Elysées puis, dans la série des «Grandes voix» produite par Philippe Maillard, un concert tout aussi flamboyant là encore dédié à ces deux grandes figures de la musique baroque (voir ici), Vivica Genaux nous éblouit une nouvelle fois, Salle Gaveau, dans le cadre d’un récital consacré à des airs composés pour le grand castrat Farinelli.


Ce n’est certes pas la première fois qu’elle lui rend hommage, la mezzo canadienne ayant notamment eu l’occasion de lui dédier un disque sous la direction de René Jacobs où se bousculent les airs de Porpora, Hasse, Broschi et Giacomelli, deux d’entre eux ayant d’ailleurs été programmés ce soir (le premier extrait de Polifemo de Porpora et l’air tiré d’Idaspe de Broschi). Et c’est à un véritable feu d’artifice auquel on assiste tant la voix de Vivica Genaux semble pouvoir tout se permettre, qu’il s’agisse notamment de l’incroyable «Vò che in mezzo del furore», du magnifique «Qual guerriero in campo armato» de Broschi (si éblouissant que Vivaldi le reprit intégralement à la scène 9 de l’acte I de Bajazet, créé en 1735 avec la grande soprano Margherita Giacomazzi dans le rôle d’Irène) ou du fougueux «Come nave in ria tempesta», fondé une fois de plus sur le thème de la tempête rugissante, si souvent utilisé par les compositeurs de cette époque. Accompagnée par un excellent orchestre des Musiciens du Louvre dirigé pour l’occasion par le violoniste Thibault Noally, servie par une tessiture étendue y compris dans le bas médium, Vivica Genaux est étourdissante même si certaines attaques sont parfois un peu dures et si la voix fatigue un peu à la fin du long «Qual guerriero in campo armato»: un vrai défi néanmoins relevé avec brio!


A côté de ces diverses volutes vocales, Vivica Genaux avait également choisi d’interpréter des airs moins démonstratifs, où la tristesse et la respiration du discours dominent: dommage d’ailleurs qu’elle n’ait pas souhaité privilégier ce répertoire au profit de passages parfois trop brillants. Mais dans l’air «Dolci freschi aurette», comment ne pas admirer la manière, le tact pourrait-on dire, avec laquelle la voix s’insère dans l’orchestre, la variété des climats changeant même légèrement dans le passage «Fronde tremule sussuranti», plus frémissant comme l’y invite le texte de ce splendide extrait. On est également pleinement séduit par un autre extrait, repris également plus tard par Vivaldi dans L’oracolo in Messenia (acte III, scène 7) et sous une autre forme dans Bajazet (acte II, scène 7), et composé cette fois-ci par Geminiano Giacomelli: «Sposa... non mi conosci?».


Un mot enfin sur l’orchestre. On connaît les talents de Thibault Noally, qui œuvre une nouvelle fois comme premier violon des Musiciens du Louvre (voir ici); même si, dans le Concerto pour deux violons et violoncelle (où officiaient également Bérénice Lavigne et le toujours aussi charismatique violoncelliste Frédéric Baldassare), sa justesse ne fut pas toujours impeccable dans l’Allegro conclusif, son enthousiasme fut communicatif. Magnifique découverte d’ailleurs avec ce Fuga e Grave en sol mineur de Hasse, où le vrombissement des cordes et la variation des nuances, qui sut donner une soudaine ampleur à la mélodie, soulevèrent l’enthousiasme du public.


La soirée, qui se conclut par un rarissime extrait de L’innocenza giustificata d’Orlandini (1675-1760) et par le célébrissime «Agitata da due venti» tiré de Griselda de Vivaldi (que Vivica Genaux avait déjà donné en conclusion de son récital il y a deux ans), lui permit donc une nouvelle fois de s’imposer dans ce répertoire où elle est, décidément, incontournable.


Le site de Vivica Genaux
Le site des Musiciens du Louvre



Sébastien Gauthier

 

 

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