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Un Noël à Dresde

Dresden
Semperoper
11/27/2015 -  et 28 novembre, 5, 8, 10, 13, 19, 20*, 25, 27 décembre 2015
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Casse-Noisette, opus 71
Sarah Hay/Chantelle Kerr/Gina Scott*/Yuki Ogasawara/Chiara Scarrone (Marie), Claudio Cangialosi/Václav Lamparter/Julian Amir Lacey*/Craig Davidson/Houston Thomas (Le Prince), Elena Vostrotina/Svetlana Gileva/Alice Mariani*/Kanako Fujimoto/Sangeun Lee (La fée Dragée), Dmitry Semionov/Denis Veginy/István Simon*/Jan Casier/Milán Madar (L’époux de la fée Dragée), Christian Bauch/Clément Haenen/Emanuele Corsini/Casey Ouzounis* (Drosselmeier), Sangeun Lee/Alice Mariani/Aidan Gibson*/Jenni Schäferhoff (La reine des neiges), Joseph Hernandez (Le roi des souris), Laurent Guibaud (Docteur Stahlbaum), Jenni Schäferhoff (Mme Stahlbaum), Uliana Veginy (Marie enfant), Matteo Thiele (Fritz), Giselle Marie Steuer (Luise)
Sempereroper Ballett, Schüler und Studenten der Palucca Hochschule für Tanz Dresden, Sächsische Staatskapelle Dresden, David Coleman/Benjamin Pope/Eva Ollikainen*/Mikhail Agrest (direction musicale)
Aaron S. Watkin, Jason Beechey (chorégraphie), Roberta Guidi di Bagno (scénographie et costumes), Marco Filibeck (lumières), Stefan Ulrich (dramaturgie)


(© Costin Radu)


Habituel ballet de réjouissance pour les fêtes, Casse-Noisette (1891-1892) n’en finit pas de ravir petits et grands, et ce plus encore lorsque la mise en scène se rapproche de la féerie du conte. C’est précisément le cas à Dresde où le spectacle conçu par Aaron S. Watkin et Jason Beechey transpose l’action dans la capitale de la Saxe à la fin du XIXe siècle. Le vaste intérieur cossu aux couleurs pastel sert de cadre à l’insouciance d’une société affairée à ses robes de satin et à ses tenues élégantes, tandis que les pas résonnent des danses de salon omniprésentes. Tous participent à des codes et usages bien définis, du plus petit au plus grand, constante du spectacle qui verra en seconde partie de charmants lutins sortir malicieusement de l’immense robe à crinoline d’une improbable diva, avant de se produire comme les plus grands devant une assistance hilare. Une malice et un humour très présents dans ce spectacle léger, à l’opposé de la production parisienne bien connue de Rudolf Noureev (voir ici).


Les costumes, choisis et élaborés avec soin, se permettent aussi quelques clins d’œil aux coutumes locales en Saxe. On retrouve ainsi sur scène les soldats grimés avec la même tenue traditionnelle que leurs homologues en bois vendus sur tous les marchés de Noël de la région, de Leipzig à Berlin. A ces détails s’ajoutent des danses toujours charmantes, sans brio excessif, qui ne cherchent pas à faire ressortir les individualités, sauf dans les inévitables pas de deux ou les solos. A ce jeu-là, Julian Amir Lacey compose un Prince d’une éblouissante virtuosité, doublé d’un charme incontestable. Plus en retrait, István Simon se montre encore trop hésitant pour s’imposer pleinement, tandis que ses comparses féminines se montrent à la hauteur.


Si l’on peut regretter une sonorisation notablement audible, elle permet de se délecter de la direction admirablement chambriste d’Eva Ollikainen, tour à tour diaphane et emportée, en des tempi très vifs. Les cordes aiguës sont particulièrement mises en avant, au détriment des plus graves, en un geste souvent péremptoire qui évacue tout alanguissement. De quoi soutenir un spectacle charmant, aux délices visuels d’un classicisme assumé et efficace. La nouvelle production très attendue de Dmitri Tcherniakov en mars 2016 au Palais Garnier, couplée avec l’opéra en un acte Iolanta, sera certainement beaucoup moins consensuelle.



Florent Coudeyrat

 

 

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