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Strauss en version française

Avignon
Opéra
12/26/2015 -  et 27, 31 décembre 2015
Johann Strauss fils : La Chauve-Souris
Gabrielle Philiponet (Caroline), Laure Barras (Arlette), Julie Mauchamp (Flora), Florian Laconi (Gaillardin), Yann Toussaint (Duparquet), Lionel Pientre (Tourillon), Valentine Lemercier (Prince Orlofsky), Enguerrand de Hys (Alfred), Jean-Claude Calon (Léopold), Virgile Frannais (Bidard), Ballet de l’Opéra Grand Avignon
Chœur de l’Opéra Grand Avignon, Aurore Marchand (chef de chœur), Orchestre régional Avignon-Provence, Jérôme Pillement (direction musicale)
Jacques Duparc (mise en scène), Eric Belaud (chorégraphie), Christophe Vallaux (décors), Association Art Musical (costumes), Marc Delamézière (lumières)


(© Cédric Delestrade/ACM-STUDIO)


Sacrifiant à l’usage de mettre à l’affiche un ouvrage léger pour les fêtes de fin d’année, l’Opéra d’Avignon en profite pour exhumer la version française de La Chauve-Souris de Strauss, due à la plume de Paul Ferrier. L’onomastique, où Caroline remplace Rosalinde et la camériste Adele s’appelle Arlette, complète ainsi harmonieusement la mise en scène de Jacques Duparc que la maison provençale coproduit avec Tours – où elle avait été présentée en décembre dernier – et dans laquelle, déjà, la Vienne de Franz Josef II prenait le visage d’un Pontoise que l’on peut situer à l’entre-deux-guerres.


On retrouve les décors efficaces de Christophe Vallaux ainsi que les costumes chamarrés et de circonstance dessinés par l’Association d’Art Musical, le tout rehaussé par le métier de Marc Delamézière aux lumières. Tirant parti des ressources du ballet avignonnais, les parties chorégraphiques, réglées par Eric Belaud, ont été sensiblement développées, pour ne pas oublier les tourbillons de frou-frous. Le comique du jeu d’acteurs s’est accentué, quitte à mendier les zygomatiques, et les calembours du geôlier Léopold offrent à Jean-Claude Calon un inénarrable numéro d’ébriété accro à la fine comme il en a le secret – et dont une Veuve joyeuse fin 2012 avait livré un avatar jubilatoire. Le plaisir des cotillons rend, au fond, bien secondaires, les questions de subtilité.


Dans cette adaptation consacrée par une tradition souvent méprisée aujourd’hui, la fluidité de la prosodie ne manque pas de s’émousser çà et là, et le caractère plus analytique de la langue française malmène parfois discrètement le rythme de la valse, et autres gourmandises dansantes austro-hongroises. Jérôme Pillement s’en accommode et instille à l’Orchestre régional Avignon-Provence une vitalité communicative, compensant avantageusement une homogénéité perfectible, en particulier au début de la soirée.


Le plateau vocal se révèle au diapason de cette générosité. Florian Laconi impose une présence vigoureuse en Gaillardin, qui se complaît, à l’occasion, à grimer le timbre rocailleux du général de Gaulle en déclaration de reddition face à la semaine carcérale qui l’attend, afin de mieux détourner l’attention de son épouse alors qu’il s’apprête pour un bal costumé. La Caroline de Gabrielle Philiponet ne ménage pas les effets de mélodrame, ni l’exotisme de la csárdás de la princesse hongroise – seul morceau demeuré en allemand, enrobé pour l’occasion d’une prononciation allophone. On retiendra le matériau plus que prometteur de la soprano albigeoise, que l’on attend dans des compositions où le lyrisme prendra le pas sur les stéréotypes des planches.


Laure Barras réjouit avec sa piquante Arlette, douée d’un sens certain des situations, aux côtés de la Flora acidulée de Julie Mauchamp. Yann Toussaint ne manque pas d’entrain ni de robustesse en Duparquet, tandis que Lionel Peintre assume un solide métier en Tourillon. Enguerrand de Hys frémit lumineusement aux sentiments d’Alfred, et Valentine Lemercier nourrit Orlofsky de la moire slave attendue, quand Virgile Frannais assume la logorrhée veule de l’avocat Bidard. Préparés par Aurore Marchand, les chœurs participent de la tonalité festive du spectacle.



Gilles Charlassier

 

 

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