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La découverte d’un chef

Paris
Maison de la radio
12/17/2015 -  
Franz Schubert : Symphonie n° 8 en si mineur, D. 759 «Inachevée»
Anton Bruckner : Symphonie n° 4 en mi bémol majeur «Romantique»

Orchestre national de France, Robert Trevino (direction)


(© Lisa Hancock)


Programme on ne peut plus romantique pour ce concert de l’Orchestre national de France, donné dans un auditorium de la Maison de la radio aux rangs assez clairsemés, le programme initial – la grandiose Huitième Symphonie de Bruckner reste impressionnante – allié aux premiers départs en vacances pouvant expliquer cette relative désaffection... Initial puisque celui de ce concert, qui devait par ailleurs être dirigé par le chef titulaire de l’orchestre, a été passablement revu, Daniele Gatti étant souffrant.


Il est remplacé par un jeune chef de trente-et-un ans, Robert Trevino, peu connu en France même s’il a déjà eu l’occasion de diriger lors des Folles journées de Nantes en janvier 2014 ou à l’occasion du festival de la Roque d’Anthéron l’été dernier (voir ici et ici). Lauréat du concours Svetlanov en 2010, il mène une solide carrière outre-Atlantique, ayant déjà eu l’opportunité de diriger les orchestres de Boston et Los Angeles, sans oublier celui de la Radio néerlandaise ou le Philharmonique de Munich. Et les premières impressions sont plutôt bonnes. Adoptant un geste très sûr, dirigeant pour l’occasion sans baguette, Robert Trevino se lance dans la Symphonie «Inachevée de Schubert avec une volonté d’aller de l’avant, dans une optique volontairement chambriste. Les traits sont allégés, le discours est clair et, en dépit d’un léger manque de tension dans le premier mouvement, la vision du chef s’avère assez convaincante. La petite harmonie du National joue sur du velours tandis que les cordes (vingt-neuf) soignent leurs interventions; regrettons seulement quelque raideur de la part des violons, notamment du pupitre des premiers d’entre eux.


Changement d’effectif pour la Quatrième Symphonie (1874-1880)! Comme d’habitude pour Bruckner, c’est en effet un nombre de musiciens plus que doublé qui est appelé, les contrebasses passant par exemple de trois à huit. Bien que l’orchestre ne soit pas un grand habitué des symphonies du maître de Saint-Florian, signalons qu’il a néanmoins déjà joué celle-ci sous les baguettes de Paavo Järvi en juin 2003 au Théâtre des Champs-Elysées, de Kurt Masur (le 27 janvier 2005 avenue Montaigne et le 16 février 2008 salle Pleyel) et de Daniele Gatti le 16 janvier 2014, de nouveau aux Champs-Elysées. Robert Trevino, avec sa baguette cette fois-ci, donna une version plus qu’honorable de cette symphonie sans toutefois convaincre pleinement. Adoptant l’édition Nowak (et non «Novak» comme noté dans le programme), le chef texan dirige l’ensemble avec une vraie maîtrise qui s’est notamment traduite par un très beau premier mouvement et un soin particulier apporté aux transitions. Même si Hervé Joulain s’avère parfois à la peine (son solo inaugural notamment), lui et ses camarades cornistes parviennent tout de même à se tirer d’affaire avec tous les honneurs. Si les autres cuivres (excellent pupitre de trompettes, une fois n’est pas coutume) et les bois sont également très bons, on regrette le manque de puissance des cordes qui n’ont pas encore la suavité ni la rondeur nécessaires pour rendre pleinement justice aux timbres si nobles de l’œuvre. On est ainsi quelque peu déçu par la fin du premier mouvement mais surtout par un deuxième mouvement sans grand relief (la faute incombant ici au chef, qui ne parvient pas toujours à maintenir la tension nécessaire) et un troisième qui manque à la fois de grandeur et de cette folie qui doit caractériser ce que Bruckner qualifiait lui-même d’«air de danse pendant le repas des chasseurs». En revanche, chef et orchestre se rachètent dans un mouvement conclusif des plus convaincants, la coda laissant s’épanouir de façon assez formidable cette gradation à la fois sonore et instrumentale.


Si le concert fut donc une réussite, sans plus, force est de constater que l’impression laissée par Robert Trevino fut assez convaincante: face aux applaudissements du public et de l’orchestre avec qui le courant semble être plutôt bien passé, il y a fort à parier que le public parisien aura bien d’autres occasions de l’écouter.


Au moment où le présent compte rendu est mis en ligne, nous apprenons avec tristesse la disparition de Kurt Masur, chef honoraire de l’Orchestre national de France, qui le mena notamment sur des terres brucknériennes longtemps inexplorées. Ne serait-ce que pour cela, il restera dans notre souvenir comme un maestro de toute première envergure.


Le site de Robert Trevino



Sébastien Gauthier

 

 

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