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Programme châtié

Paris
Philharmonie 2
12/09/2015 -  
Robert Schumann : Vier Nachtstücke, opus 23
Wolfgang Amadeus Mozart : Fantaisie en ut mineur, K. 475 – Sonate n° 14, K. 457
Franz Liszt : Ballade n° 2 en si mineur – Harmonies poétiques et religieuses: «Funérailles»
Isaac Albéniz : Cantos d’Espana, opus 232

Elena Bashkirova (piano)


E. Bashkirova (© Monika Rittershaus)


Juste un an après l’un des derniers récitals de la série «Piano 4 étoiles» donnés à Pleyel, Elena Bashkirova revient à Paris, cette fois dans l’ex-grande salle de la Cité de la musique rebaptisée Philharmonie 2, où s’est en partie réfugiée la prestigieuse association «Société des grands interprètes». Les pianistes qui se produisent dans cette série de concerts parisiens ont-ils gagné à cette translocation? A Pleyel, on savait, en évitant quelques zones acoustiquement mortes, faire la part entre une sonorité parfois trop absorbante et le jeu des pianistes que l’on connaissait. La salle de la Cité de la musique, beaucoup plus petite, offre une acoustique uniformément sèche et au fond de l’orchestre on pouvait entendre un bruit de fond permanent – soufflerie, chauffage? – qui parasitait terriblement la concentration.


Elena Bashkirova qui, comme son nom l’indique, est la fille de l’immense pianiste et pédagogue russe Dmitri Bashkirov (et l’épouse de Daniel Barenboim), est une des meilleures pianistes possibles. Quand elle n’accompagne pas Anna Netrebko dans la mélodie russe comme il y a deux ans à Gaveau, elle dirige le festival de Jérusalem qu’elle a fondé et joue en formation chambriste pour le faire rayonner dans le monde. Ses récitals sont toujours très copieux et leur programme original et, chose devenue rare, elle se tient toujours à ses choix annoncés plusieurs mois à l’avance. Une constante semble s’affirmer: elle semble crispée dans la première partie du concert, qui est généralement moins intéressante que la seconde.


C’était encore le cas lors de ce récital, avec un début assez peu différencié dans les rarement joués Nocturnes de Schumann, qui sont pourtant quatre pièces aux climats et aux programmes variés. Mais on est plongé d’emblée dans un univers sonore très singulier, pas forcément ancré dans ce que l’on peut s’imaginer de la tradition de l’école soviétique dont elle est issue: le son est ample, magnifique mais jamais privilégié par rapport à l’expression; la pianiste s’efface devant la musicienne avec une certaine distanciation par rapport aux textes. Crispées aussi les deux pièces de Mozart enchaînées comme il est de tradition, la Fantaisie K. 475 et la Quatorzième Sonate, toutes deux en ut mineur, publiées en 1785 et dédiées à Maria Theresa von Trattner, dans lesquelles elle ne cherchait pas à exploiter toutes les possibilités dramatiques de la musique.


La suite du programme montrait la pianiste au meilleur de sa forme avec deux pièces de Liszt, elles aussi contemporaines, la Seconde Ballade et «Funérailles», dans lesquelles elle a fait preuve d’une technique infaillible (sa main gauche est toujours aussi impressionnante) et d’une grande concentration. Avec les cinq Chants d’Espagne d’Albéniz, on a découvert la pianiste russe dans un nouveau pan de son répertoire. Elle est totalement à l’aise dans cette musique colorée et chantante et la partie la plus originale de son programme n’était pas loin d’en être la meilleure. Elle a pris congé d’un public – est-ce l’effet d’éloignement du lieu ou bien la conjoncture actuelle? – venu beaucoup moins nombreux que l’an dernier à Pleyel et surtout beaucoup moins jeune, par deux «bis» en forme de danses avec le Tango d’Albéniz et une Valse de Tchaïkovski, tous deux très riants et colorés.



Olivier Brunel

 

 

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