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Thoss en mouvements

Strasbourg
Opéra
11/11/2015 -  et 9, 10, 11 (Mulhouse), 24, 25 octobre (Colmar), 16, 17, 18*, 19 novembre (Strasbourg) 2015
Stephan Thoss : La Chambre noire
Musiques de Jean-Sébastien Bach, Hans Zimmer, Javier Naverette, Kronos Quartet, Kimmo Pohjonen, Samuli Kosminen, et Felix Mendelssohn-Bartholdy
Susie Buisson, Anna Ishii, Anna-Maria Maas, Stéphanie Madec-Van Hoorde (danseuses), Thomas Hinterberger, Renjie Ma, Jean-Philippe Rivière, Marwik Schmitt (danseurs), Valeria Quintana Velasquez, Dongting Xing (extras)
Stephan Thoss (chorégraphie, décors, costumes, lumières)
Igor Stravinski/Stephan Thoss : Le Sacre du printemps
Monica Barbotte, Erika Bouvard, Susie Buisson, Kusi Castro, Sandra Ehrensperger, Anna Ishii, Anna-Maria Maas, Stéphanie Madec-Van Hoorde, Valeria Quintana Velasquez, Wendy Tadrous (danseuses), Thomas Hinterberger, Dane Holland, Yann Lainé, Renjie Ma, Gabriel Maxwell, Hamilton Nieh, Jean-Philippe Rivière, Marwik Schmitt, Hénoc Waysenson (danseurs)
Stephan Thoss (chorégraphie, décors, lumières), Katharina Meintke (costumes)


(© Jean-Luc Tanghe)


Stephan Thoss entretient des liens étroits avec l’Opéra national du Rhin, à en juger par le programme d’ouverture de sa saison de danse. Avant la lecture du Sacre du printemps que le chorégraphe allemand a créé alors qu’il était directeur artistique de la compagnie de Wiesbaden, revoici La Chambre noire, dont on avait, en mars, relaté l’entrée au répertoire du ballet alsacien. Avec une distribution renouvelée pour ces représentations d’automne à Strasbourg, où l’on retrouve, de celles du printemps dernier, Susie Buisson, Renjie Ma et Marwik Schmitt, on reconnaît l’économie de la pièce, meublée de quelques panneaux mobiles, au diapason noir d’un plateau décanté qui sert d’écrin aux évolutions des interprètes. Soli ou groupes, l’écriture distille une énergie fluide et caractérisée que le plateau s’est approprié, et incarne avec un naturel sensible. Hasard teinté d’un mystère que l’on a voulu emprunté à l’obscurité de l’univers stellaire, le propos s’attache d’abord – par-delà l’hétérogénéité maîtrisée de la gestuelle comme du substrat musical mêlant Bach et les autres à des inserts électroacoustiques – à une cohérence visuelle par laquelle le spectateur se laisse porter.


Cette idiosyncrasie inspire également Le Sacre du printemps. L’irrésistible et évocatrice puissance rythmique de Stravinski n’a pas manqué de nourrir le répertoire chorégraphique. Stephan Thoss n’ignore pas la fulgurance d’une Pina Bausch, parmi d’autres versions profondément «terriennes». Ce n’est pourtant pas le chemin qui a été ici privilégié. Autour d’un polyèdre de vide aux arêtes blanches, la scénographie froide, sinon aseptisée, trouve son prolongement dans les costumes de Katharina Meintke, dont le gris clair atténue jusqu’à l’uniforme les différences sexuées comme individuelles. La vigueur de la gestuelle et la virtuosité des compositions de groupe, jouant des effets de tableau, ne recherchent pas la violence d’un sacrifice ou de quelque trame narrative à laquelle elles s’assujettiraient. Plus que le fauvisme ou le primitivisme de Nijinski, la présente lecture regarde davantage vers l’épure du dessin et du mouvement dans laquelle s’engageait une autre modernité également contemporaine de la création du l’œuvre. Entre futurisme et suprématisme, le Sacre de Thoss s’appuie sur l’abstraction pour restituer dans les corps la pureté des lignes de la musique. A cette aune, les membres du ballet alsacien se révèlent de remarquables passeurs, tant individuellement que collectivement. Les réglages des ensembles ne se contentent pas de précision et respirent une vitalité qui ne saurait être plus opportune au moment où l’on célèbre le trentième anniversaire des centres chorégraphiques nationaux, au sein duquel celui de l’Opéra national du Rhin tient une place singulière que le présent programme illustre admirablement.



Gilles Charlassier

 

 

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