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Un Songe de rêve

Geneva
Grand Théâtre
11/20/2015 -  et 22, 24*, 26, 28, 30 novembre 2015
Benjamin Britten : A Midsummer Night’s Dream, opus 64
Christopher Lowrey (Oberon), Bernarda Bobro (Tytania), Anna Thalbach (Puck), Brandon Cedel (Theseus), Dana Beth Miller (Hippolyta), Shawn Mathey (Lysander), Stephan Genz (Demetrius), Stephanie Lauricella (Hermia), Mary Feminear (Helena), Alexey Tikhomirov (Bottom), Paul Whelan (Quince), Stuart Patterson (Flute), Jérémie Brocard (Snug), Erlend Tvinnereim (Snout), Michel de Souza (Starveling), Oscar Colliar*/Leyth Ferguson (Cobweb), Sarah Gos (Peaseblossom), Juliette Huber (Mustardseed), Caroline Guentensperger (Moth)
Maîtrise du Conservatoire populaire de musique de Genève, Magali Dami, Serge Ilg (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Steven Sloane (direction musicale)
Katharina Thalbach (mise en scène), Ezio Toffolutti (décors, costumes et lumières), Simon Trottet (lumières), Darie Cardyn (chorégraphie), Liccia Lucchese (assistante décors et costumes)


(© GTG / Carole Parodi)


Une réussite totale, sûrement la production la plus aboutie de l’ère Richter au Grand Théâtre de Genève : Le Songe d’une nuit d’été de Britten vu par Katharina Thalbach est un véritable petit bijou, un spectacle de rêve. Plusieurs caméras disposées dans la salle laissent supposer qu’il sera immortalisé, ce qui est une excellente nouvelle pour tous ceux qui n’auront pas saisi la chance d’assister à l’une des six représentations prévues (les sièges vides étaient relativement nombreux le soir de la troisième). Katharina Thalbach est la fille de l’homme de théâtre Benno Besson, lequel a tant de fois émerveillé le public genevois par ses spectacles dans lesquels la poésie et la féerie tenaient une grande place. Tel père, telle fille serait-on tenté de dire. La metteur en scène fait évoluer les personnages du Songe d’une nuit d’été dans un décor de forêt vallonnée dont les courbes suggestives représentent un corps féminin (on pense immanquablement à L’Origine du monde de Courbet). Un corps de mère-nature qui évoque sensualité et volupté, mais aussi mystère et envoûtement, avec un nombril et un sexe servant de cachettes aux rencontres furtives de Tytania et de Bottom transformé en âne pour l’occasion. Ce décor est l’œuvre d’Ezio Toffolutti, qui a souvent travaillé avec Benno Besson. On relèvera aussi l’excellente idée des arbres incarnés par des figurants qui ne cessent de se mouvoir. Baigné dans de magnifiques lumières successivement vertes, bleues et rouges, le décor concentre les trois mondes de l’intrigue : la dispute entre Oberon et Tytania, les quiproquos entre les deux couples d’amoureux et les répétitions d’une troupe de théâtre. Les costumes sont, eux aussi, un enchantement. Au dernier acte, des tréteaux remplacent la forêt ; la représentation pour laquelle la troupe s’est tant préparée peut commencer, ce qui donne lieu à une scène de théâtre dans le théâtre des plus drôles, avec notamment une parodie de belcanto. Visuellement, tout dans ce spectacle est féérie et poésie, avec également une bonne dose d’humour.


L’aspect musical n’est pas en reste, avec une distribution de très haut niveau et, surtout, parfaitement homogène. Tous les protagonistes mériteraient d’être cités. On signalera notamment l’Oberon de Christopher Lowrey à la voix étonnamment charnue pour un contre-ténor, la Tytania au timbre clair et stratosphérique de Bernarda Bobro, l’Hippolyta aux graves sonores et ambrés de Dana Beth Miller, le Lysander au phrasé délicat de Shawn Mathey, le Demetrius à la tenue vocale exemplaire de Stephan Genz, l’Helena délicate de Mary Feminear ou encore la sensuelle Hermia de Stephanie Lauricella. Les membres de la troupe de comédiens sont tous hilarants. Anna Thalbach (fille de la metteur en scène) incarne, pour sa part, un Puck aussi virevoltant et bondissant que vociférant et râleur, s’élevant souvent dans les airs, au-dessus de la mêlée, pour contempler ses œuvres. On mentionnera également l’excellente prestation de la Maîtrise du Conservatoire populaire de musique de Genève. A la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, Steven Sloane, très attentif à l’équilibre entre fosse et scène, cisèle finement et délicatement la partition de Britten pour en rendre toutes les subtilités, dans un flux d’une grande limpidité. Les glissandi des violons resteront longtemps dans les têtes des spectateurs. Curieusement, Le Songe d’une nuit d’été n’avait encore jamais été programmé au Grand Théâtre de Genève. Une première magistrale !



Claudio Poloni

 

 

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