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Le bon choix

Bruxelles
Palais des Beaux-Arts, Salle Henry Le Bœuf
11/06/2015 -  et 7* novembre 2015
Hector Berlioz: Grande Messe des morts, opus 5, H. 75
Steve Davislim (ténor)
Académie de chœur de la Monnaie, Benoit Giaux (direction), Chœurs de la Monnaie, Vlaams Radio Koor, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Alain Altinoglu (direction)


A. Altinoglu (© Tine Claerhout)


Depuis le mandat de Peter de Caluwe, la Monnaie programme un requiem aux alentours de la Toussaint : au tour, cette année, de la Grande Messe des morts (1837) de Berlioz. Comme Mahler dans sa Huitième Symphonie, qui recourt, toutefois, à un nombre plus important de solistes, le compositeur a vu les choses en grand, préconisant, dans la mesure du possible, de doubler, voire tripler, le nombre de voix et d’augmenter proportionnellement les forces instrumentales. La scène de la Salle Henry Le Bœuf paraît même trop étroite pour contenir l’orchestre, dans lequel ne figurent pas moins de six timbaliers, le Chœur de la Radio flamande, les Chœurs et l’Académie de chœur de la Monnaie, fondée cette année et regroupant des étudiants en chant. Conformément au souhait de Berlioz, des cuivres jouent aussi en hauteur, dans les balcons, afin de produire de saisissants effets sonores. Les contemporains de cet homme en avance sur son temps n’avaient probablement entendu rien de tel auparavant.


Alain Altinoglu se produit pour la première fois à la tête de l’orchestre depuis sa nomination au poste de directeur musical, qu’il occupera dès l’année prochaine. Le chef, qui a déjà travaillé avec lui, à l’occasion de Cendrillon de Massenet il y a quatre ans et de deux concerts, l’un au Bozar, l’autre à Flagey, succède à Ludovic Morlot, qui exerça la fonction, sans grand succès, durant trois ans, et à l’éphémère Mark Wigglesworth. Même si l’acoustique d’un édifice religieux aurait probablement davantage convenu, le son ne sature pas dans les passages forts et s’épanouit, le plus souvent, sans entrave. C’est qu’Alain Altinoglu étage les plans avec netteté, ajuste la dynamique avec rigueur, en particulier dans les montées en puissance, impressionnantes, et dégage les voix intermédiaires avec soin – il aurait été dommage que l’impeccable phrasé des violoncelles et des contrebasses et que l’admirable finesse des bois passent inaperçus dans un son trop compact. Ni trop extériorisée, ni trop intériorisée, en ce sens idéalement équilibrée entre monumentalité et intimisme, l’interprétation s’avère également remarquable sur le fond, succession cohérente et superbe d’épisodes frénétiques et calmes.


Sous la direction conjointe de Martino Faggiani, pour les Chœurs de la Monnaie et de la Radio flamande, et de Benoît Giaux, pour l’Académie de chœur, les choristes se montrent très affirmés et affichent une cohésion quasiment parfaite, produisant une sonorité pas toujours éthérée lorsqu’il le faudrait, mais dense et souple. La netteté de l’articulation et du phrasé, le dosage harmonieux des voix et la justesse de l’expression attestent d’un travail approfondi. Placé en hauteur et à l’extrémité d’un balcon, comme dans la Troisième Symphonie de Szymanowski il y a trois ans, Steve Davislim remplace Eric Cutler, qui, souffrant, a dû renoncer à sa participation. Si le ténor chante dans un style convenable et confère suffisamment de spiritualité à sa partie, sa prestation ne constitue pas l’aspect le plus mémorable de ce concert d’anthologie et au terme duquel le chef observe un long silence à la manière d’Abbado. La Monnaie a enfin le directeur musical qu’il lui faut.



Sébastien Foucart

 

 

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