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« Vive la Pologne, monsieur ! »

Paris
Maison de la radio
10/23/2015 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Roméo et Juliette
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n° 5, opus 55
Igor Stravinsky : L’Oiseau de feu (Suite)

Nicholas Angelich (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Krzysztof Urbanski (direction)


K. Urbanski (© Fred Jonny)


Après Vasily Petrenko, Krzysztof Urbanski : le Philhar’ fait place aux jeunes chefs. Mais si le Russe, à trente-neuf ans, est déjà bien connu en France, le Polonais, de six ans son cadet, doit sans doute d’être découvert grâce à Radio France. Ancien assistant d’Antoni Wit à Varsovie, aujourd’hui en poste à Trondheim et Indianapolis, il vient d’être nommé premier chef invité de l’Orchestre de la NDR – on les entendra bientôt dans un CD Lutoslawski.


A l’écoute de son concert parisien, cette brillante carrière ne surprend pas. Même à la tête d’un orchestre en très moyenne forme, aux cordes peu homogènes et aux cuivres sans rondeur, Roméo et Juliette de Tchaïkovski révèle une direction à la fois souple et assurée, qui creuse la dynamique jusqu’aux plus infimes pianissimi. L’Ouverture Fantaisie est très tenue et très tendue, plus que celle de Lionel Bringuier il y a deux semaines, avec une belle continuité dans la narration et un refus de la surenchère expressive. Lecture très sombre, ténébreuse même, hantée, comme le compositeur, par l’implacable fatum.


Peut-on, au piano, jouer Prokofiev comme Liszt ? Pari osé, alors que plus d’un croit exclusives références certaines interprétations russes, acérées et percussives ? Nicholas Angelich l’a pourtant gagné, bien soutenu par un orchestre qui se reprend, avec le Cinquième Concerto. Non qu’il y soit moins brillant ou mordant que d’autres. Mais la sonorité garde toujours une rondeur et des couleurs dans la puissance, le pianiste nous rappelant que Prokofiev doit parfois aussi chanter, en particulier dans le Larghetto. Approche atypique, remarquablement assumée – jouer ainsi une si diabolique partition relève du tour de force... parce que, justement, on transcende le tour de force. Le bis nous conduit aux antipodes : première des Scènes d’enfants de Schumann, invitation au voyage dans un ailleurs de rêve.


La troisième œuvre du programme provoque une frustration : on eût aimé que le jeune chef nous offre un Oiseau de feu complet. La Suite, en effet, restitue à la musique de Stravinsky toutes ses séductions. Très loin de certaines lectures exclusivement centrées sur une clarté analytique, la direction adopte une posture très rimskienne, privilégiant les mystères et la magie du conte. Couleurs sensuellement chatoyantes, rythmes dansants, c’est un vrai Ballet russe que dirige Krzysztof Urbanski, avec, de nouveau, d’extrêmes raffinements dynamiques – alors qu’on ne rêverait pas Introduction plus mystérieuse, la Danse infernale fait exploser un orchestre dont, cette fois, on retrouve toutes les qualités.


Avec des chefs comme Krzysztof Urbanski, Lukasz Borowicz, Michal Dworzynski... la relève de l’ancienne génération de chefs polonais est assurée.


Le site de Krzysztof Urbanski



Didier van Moere

 

 

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