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Puccini en vérité et en subtilité

Tours
Grand Théâtre
10/07/2015 -  et 9, 11, 13* octobre 2015
Giacomo Puccini : Madama Butterfly
Anne Sophie Duprels (Cio-Cio-San), Delphine Haidan (Suzuki), Pascale Sicaud-Beauchesnais (Kate Pinkerton), Avi Klemberg (B.F. Pinkerton), Jean-Sébastien Bou (Sharpless), Antoine Normand (Goro), François Bazola (Oncle Bonze), Ronan Nédélec (Commissaire), Mickaël Chapeau (Prince Yamadori), Yvan Sautejeau (Officier du registre), Richard Pinto, Edouard Bonnet (Serviteurs), Léandre Oliviero/Justin Caillault (Dolore)
Chœurs de l’Opéra de Tours, Inaki Encina Oyón (chef de chœur), Orchestre symphonique Région Centre Val de Loire-Tours, Jean-Yves Ossonce (direction musicale)
Alain Garichot (mis en scène), Denis Fruchaud (décors), Claude Masson (costumes), Marc Delamézière (lumières)


(© François Berthon)


A l’heure où certaines maisons, encouragées par l’effet d’ouverture de saison, défient l’austérité qui s’abat actuellement sur le monde lyrique et prennent le budget par les cornes, d’autres réitèrent leur confiance dans des productions confirmées, à l’image de Tours qui reprend la Madame Butterfly mise en scène par Alain Garichot pour l’institution tourangelle en 2001, et reprise pour la première fois depuis 2007 (voir le compte rendu des reprises à Tours en 2006 et à Saint-Etienne en 2012). Loin des glaciations minimalistes comme de l’exotisme de pacotille, le travail de l’homme de théâtre français habite avec sensibilité une conception épurée du drame japonais de Puccini. Sans se laisser brider par quelque hasardeuse reconstitution d’un Extrême-Orient fantasmé, la scénographie comme les costumes s’inspirent de sculptures en papier du dix-huitième siècle, pour restituer toute la fragilité d’un monde qui se froisse fatalement devant la désillusion amoureuse et l’inconscience du militaire américain. Les éléments de décors se répondent avec une poésie évidente, à l’instar des murs coulissants en taille maquette au début avant de revenir ensuite au format plateau, tandis qu’ils entretiennent une subtile analogie avec les frondaisons en fleurs. On reconnaît le globe lunaire d’ Eugène Onéguine – qui sera repris à Tours au printemps prochain. Les lumières réglées par Marc Delamézière appuient des jeux d’ombre empreints d’une authentique pudeur, et participent au raffinement des atmosphères.


Ce sens de l’expression juste qui nourrit la direction d’acteurs se retrouve dans la direction subtile et intelligente de Jean-Yves Ossonce, attentif à la lettre d’une partition qu’il libère de ses pesanteurs sentimentalistes héritées de traditions discutables. On ne redira jamais assez l’excellence du travail que le chef français réalise à la tête de son Orchestre symphonique Région Centre-Val-de-Loire Tours. Les pupitres respirent avec une souplesse et une élégance dénuée de toute afféterie. On entend ici la mise en valeur de l’harmonie, là la délicatesse chambriste des cordes.


Cette vérité de la musique trouve écho dans l’incarnation du rôle-titre par Anne Sophie Duprels, que l’on avait déjà applaudie ici même dans La Voix humaine en avril dernier. A rebours de l’opulence qui prévaut parfois en Cio-Cio-San, elle souligne la fragilité du personnage, avec un sens confirmé de la valeur du texte. Dans une distribution qui affirme une fidélité appréciable aux talents français, on relèvera les débuts d’Avi Klemberg sur la scène tourangelle, avec un Pinkerton émaillé de vulnérabilité et de remords au fil de l’histoire. Jean-Sébastien Bou équilibre avec finesse la bonhomie de Sharpless. Antoine Normand n’économise pas la vénalité de Goro. Delphine Haidan rend à Suzuki la chaleur qui lui revient, quand Pascale Sicaud-Beauchesnais confère aux quelques répliques de Kate Pinkerton une sensibilité perceptible. Mentionnons encore le Bonze de François Bazola, qui évite intelligemment la caricature. Ronan Nédélec et Mickaël Chapeau, respectivement Commissaire et Yamadori, se montrent efficaces. On n’oubliera pas les chœurs, préparés à-propos par Inaki Encina Oyón, ainsi que la figuration de Dolore, le fils de Madame Butterfly, où s’illustrent, selon les soirs, Léandre Olivero et Justin Caillault.



Gilles Charlassier

 

 

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