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Du sang et de la sueur

Vienna
Konzerthaus
10/12/2015 -  et 13* octobre 2015
12 octobre
Béla Bartók : Suite de danses, sz.77 – Concerto pour piano n° 2, sz. 95
Igor Stravinsky : L’Oiseau de feu (version de 1910)




13 octobre
Igor Stravinsky : Symphonie en ut
Béla Bartók : Concerto pour piano n° 3, sz. 119 – Concerto pour orchestre, sz. 116

Yefim Bronfman (piano),
London Symphony Orchestra, Valery Gergiev (direction)


Après le passionnant mais exigeant marathon de l’an dernier, consacré exclusivement à Prokofiev, Valery Gergiev nous revient dans un cycle plus raisonnable de concerts centrés sur Stravinsky et Bartók. Le programme, disions-nous, est raisonnable; en revanche, la passion dans l’exécution persiste. Les sonorités de l’Orchestre symphonique de Londres jaillissent de manière tridimensionnelle sur la scène du Konzerthaus, épousant instantanément les incitations kinesthésiques de son chef – du pianissimo le plus transparent jusqu’aux éruptions les plus percussives et cuivrées.


L’Oiseau de feu est interprété avec une virtuosité qui en renforce les contrastes; contrastes de tempo d’une part, l’interprétation adoptant généralement des tempi très rapides (comme les premières mesures jouées à grande allure, mais furtivement et avec exactitude) en alternance avec des épisodes plus lents qu’à l’accoutumée, les solistes s’autorisant de voluptueux moments de langueur; des contrastes de styles d’autre part, les rugosités naissantes du XXe siècle étant soulignées tout en côtoyant les références à Rimski-Korsakov et Tchaïkovski.


L’autre chef-d’œuvre orchestral, le Concerto pour orchestre, révèle aussi des nuances inédites, par la netteté des contours caractérisant chaque segment de la partition. A une soirée d’intervalle, on retrouve les mêmes marques de fabrique que dans la partition du ballet de Stravinsky: une introduction en unisson dense et maléfique, un final joué de manière impossiblement rapide et qui pourtant de ne perd rien de sa souplesse.


Face à ces spectaculaires réussites, la Symphonie en ut de Stravinsky semble bâclée; les pupitres flottent pendant un bon moment, comme perturbés par les impulsions peu inspirées de Valery Gergiev. Yefim Bronfman, en habitué de Bartók, impressionne dans tous les registres; installé très haut sur son tabouret de manière à surplomber son clavier, il développe une puissance verticale rare – preuve par la photo prise par l’une des violonistes, révélant des taches de sang sur le clavier et le plancher de la scène! – mais sait tout aussi bien utiliser cette position pour parcourir le clavier avec une légèreté tactile finement ciselée. Il offre, face à la verve démonstrative de Gergiev, une vision naturelle, maîtrisée et minimaliste – touchant même au dépouillement dans le final du Troisième Concerto, enrichissant ainsi la dramaturgie du concert.


Il s’agit de la dernière saison de Valery Gergiev à la tête du LSO; les critiques britanniques n’ont pas toujours été tendres, lui reprochant son impréparation et ses si peu flegmatiques excès musicaux. A l’écoute de ce cycle, on retient avant tout qu’il s’agit d’un des plus beaux orchestres du monde dont tous les membres, chef et soliste compris, s’investissent avec une ardeur qui trouve peu d’équivalent sur les scènes actuelles.



Dimitri Finker

 

 

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