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Légitime mise en scène

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/10/2015 -  et 13, 16, 18, 20 octobre 2015
George Frideric Haendel: Theodora, HWV 68
Katherine Watson (Theodora), Stéphanie d’Oustrac (Irène), Philippe Jaroussky (Didyme), Kresimir Spicer (Septime), Callum Thorpe (Valens)
Les Arts Florissants, William Christie (direction musicale)
Stephen Langridge (mise en scène), Philippe Giraudeau (chorégraphie), Alison Chitty (scénographie et costumes), Fabrice Kebour (lumières)


(© Vincent Pontet)


Que l’on veuille bien nous pardonner nos références mais ayant vu Theodora de Haendel en 1996 au festival d’opéra de Glyndebourne dans une mise en scène de Peter Sellars et dirigé par William Christie, il nous est impossible de nous enthousiasmer sur le spectacle que propose pour l’ouverture de sa saison le Théâtre des Champs-Elysées. Il aura toutefois le mérite d’avoir été celui de la première production scénique parisienne de cet oratorio qui, par son sujet, le martyre des premiers chrétiens dans la Rome antique, appelle sans aucun doute une légitime mise en scène.


Sellars avait construit son spectacle comme un parallèle à la peine de mort dans son pays, les Etats-Unis d’Amérique. Le propos était hardi mais d’une force scénique incroyable et avait marqué pour toujours l’histoire de ce festival. Le metteur en scène britannique Stephen Langridge reprend sans vergogne le fil de la mode actuelle qui perdure depuis pas mal d’années de représenter les opéras ou oratorios de Haendel en robes du soir, vêtements de ville contemporains et avec les indispensables uniformes. Aussi habile qu’elle soit, dans des décors minimalistes ingénieux dans leur utilisation (mais décors «à ciel ouvert» qui ne sont jamais un cadeau pour les chanteurs dont les voix filent vers les cintres au lieu de se projeter dans la salle), sa mise en scène peine à convaincre de la cruauté et de la dimension tragique du livret. La durée de l’œuvre – deux heures quarante-cinq de musique avec deux copieux entractes – ajoute à la lourdeur du propos.


A Glyndebourne, David Daniels, Dawn Upshaw et Lorraine Hunt formaient un trio de chanteurs engagés, de grandes voix lyriques au service d’une partition exigeante autant par l’endurance que par les difficultés techniques et expressives. A Paris on reste un peu sur sa fin. Philippe Jaroussky, Katherine Watson et Stéphanie d’Oustrac (respectivement Didyme, Theodora et Irène) peinent à faire passer la rampe à leurs voix, certes rompues à ce style musical, mais souvent prises en défaut quant aux véritables exigences vocales et même techniques du chant haendélien. Seul le Septime de Kresimir Spicer passe aisément la rampe mais il n’est pas toujours irréprochable dans l’exécution des redoutables ornements dont Haendel a parsemé la ligne vocale. Le Chœur des Arts Florissants est le véritable vainqueur de la représentation, impeccablement préparé, parfaitement audible et toujours d’une ferveur exemplaire.


A Glyndebourne, William Christie était à la tête de l’Orchestre de l’Age des Lumières. Sa direction était plus théâtrale à l’image du spectacle inoubliable de Sellars. A Paris, elle reste plus dans une raideur d’oratorio et, dans la salle de bonnes proportions qu’est le Théâtre des Champs-Elysées, l’Orchestre des Arts Florissants ne s’impose pas comme une présence qui remplit la fosse.



Olivier Brunel

 

 

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