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Beethoven au sommet

Paris
Maison de la radio
09/17/2015 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, opus 61
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14

Sergey Khachatryan (violon)
Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


S. Khachatryan (© Marco Borggreve)


Avant la rentrée du Philhar’, c’était à l’Orchestre national de France de donner ce soir son premier concert de la saison 2015-2016, la dernière qu’il effectuera sous la houlette de son directeur musical, Daniele Gatti, avant que celui-ci ne prenne dans un an les rênes de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam. Une fois encore, le National abordera jusqu’à la fin du mois de juin 2016 des programmes extrêmement diversifiés (au sein desquels on remarquera notamment une production scénique très attendue de Tristan donnée au Théâtre des Champs-Elysées), entrecoupés de deux grandes tournées en Amérique du nord et en Autriche, sous la direction de chefs confirmés (Christoph Eschenbach, James Conlon, Neeme Järvi ou Riccardo Muti – ce dernier dans pas moins de trois concerts!) et de la jeune et prometteuse génération comme Kazuki Yamada ou Andrés Orozco-Estrada.


C’est donc devant un auditorium de la Maison de la radio bondé que l’orchestre prend place pour débuter ce programme par le Concerto pour violon de Beethoven sous l’archet de l’excellent Sergey Khachatryan. On avait déjà eu l’occasion, il y a quelques années, de l’entendre dans cette même œuvre avec l’Orchestre de Paris, sous la direction d’Andris Nelsons: force est de constater que la magie du jeune soliste opère toujours, lui qui nous aura livré ce soir une interprétation d’anthologie de ce concerto. Ce qui frappe d’emblée, c’est le parfait accord entre le chef et le soliste pour l’aborder dans une perspective volontairement chambriste où, même si l’on a parfois pu regretter que la musicalité prenne trop le pas sur la dynamique, la délicatesse fut le maître mot de la première à la dernière note. Dans l’Allegro ma non troppo, le dialogue entre le soliste et les cors puis entre le soliste et les deux bassons (excellents Philippe Hanon et Frédéric Durand) offrit de magnifiques moments, la justesse et la finesse du stradivarius Lord Newlands de Khachatryan étant exemplaires. Gatti, laissant en plus d’une occasion l’orchestre jouer seul, sans intervenir de quelque manière que ce soit, fût-ce par un léger geste de la main, se révéla un accompagnateur de tout premier ordre, notamment dans le deuxième mouvement. Abordant tous deux l’Allegro final avec une verve communicative, Khachatryan et Gatti offrirent un mouvement conclusif réjouissant, à peine troublé pendant la cadence du soliste par le vrombissement et les quelques problèmes d’éclairage d’un projecteur capricieux... Après une ovation méritée, Sergey Khachatryan fit une nouvelle fois montre de ses talents et de son humilité face à la musique en jouant l’Andante de la Deuxième Sonate de Bach face à un public silencieux comme rarement: nouveau moment de grâce.


Le fait pour Daniele Gatti et l’Orchestre national de France de programmer la Symphonie fantastique (1830) de Berlioz tenait à la fois de la tradition et de la gageure car, bien évidemment, l’ombre tutélaire de Charles Munch planait ce soir dans l’auditorium de Radio France... Et c’est bien sûr une optique très différente que celle choisie par le chef italien! On ressort de cette interprétation quelque peu partagé car, avouons-le, le fait pour un chef de réussir à conduire et pour un orchestre de parvenir à jouer une telle œuvre ne peut qu’être salué. Citer le nom de chaque soliste est inutile car tous furent excellents; mentionnons tout de même l’inamovible Laurent Decker au cor anglais et, rejoints dans la «Marche au supplice» par deux de leurs collègues, François Desforges et Didier Benetti aux timbales... Quant à l’interprétation globale, elle n’effacera certes pas l’immense Seiji Ozawa à la tête du même orchestre (qui vient d’ailleurs de jouer de nouveau cette œuvre il y a quelques jours sous la baguette d’Emmanuel Krivine), mais elle mérite tout de même de réels et sincères compliments. A commencer par «Un bal», d’une vivacité et d’une légèreté étourdissantes (le tourbillon final!), pétillant comme doit l’être un bon champagne! Excellente «Marche au supplice» également, on y a déjà fait allusion, Gatti veillant à ce que le caractère sombre de la pièce ne prenne jamais le pas sur la clarté des pupitres. En revanche, à trop vouloir souligner les détails de la partition, le chef ne convainc pas tout à fait dans la scène inaugurale («Rêveries. Passions») où l’on perçoit sans difficulté l’immense travail d’orchestre accompli mais qui tend à manquer de spontanéité et de naturel. Si la «Scène aux champs» s’est avérée d’une très belle tenue, mais pas aussi émouvante peut-être qu’on aurait pu l’espérer, c’est surtout le «Songe d’une nuit du sabbat» qui déçoit, Gatti l’abordant avec un rubato excessif qui lui fit perdre une bonne partie de sa cohérence, la fin étant jouée de façon presque besogneuse là où l’on aurait au contraire souhaité que tous y jettent leurs dernières forces.


Le site de Daniele Gatti
Le site de l’Orchestre national de France



Sébastien Gauthier

 

 

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