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Pas de bataille d’Ernani à Salzbourg

Salzburg
Grosses Festspielhaus
08/27/2015 -  et 29* août 2015
Giuseppe Verdi : Ernani
Francesco Meli (Ernani), Vittoria Yeo (Donna Elvira), Luca Salsi (Don Carlo), Ildar Abdrazakov (Don Ruy Gomez de Silva), Antonello Ceron (Don Riccardo), Gianfranco Montresor (Jago), Simge Büyükedes (Giovanna)
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Ernst Raffelsberger (préparation), Orchestra Giovanile Luigi Cherubini, Riccardo Muti (direction musicale)


(© Marco Borrelli)


Après les représentations de Nabucco en 2013 à Salzbourg, Riccardo Muti avait déclaré qu’il ne dirigerait plus d’opéra dans la ville de Mozart, pour concentrer son activité lyrique à Rome. Las, quelques mois plus tard, il quittait avec fracas son fauteuil romain de directeur. Et revoyait ses projets. Ce qui explique pourquoi, revenant sur sa décision, il vient de donner deux représentations très applaudies d’Ernani dans le cadre de l’édition 2015 du Festival de Salzbourg, avant une Aida, d’ores et déjà très attendue, en 2017. On sait que le maestro italien n’apprécie guère les mises en scène modernes. Cependant, s’il a opté pour une version concertante d’Ernani, c’est en raison d’un agenda très chargé, comme il l’a expliqué en conférence de presse. Ce serait aussi par manque de temps qu’il a finalement renoncé à diriger l'ouvrage à Genève, pour l’ouverture de la saison 2015-2016 du Grand Théâtre, comme initialement prévu. A Salzbourg en tout cas, le maestro était bien là. Dès les premières notes, il instaure un climat de tension dramatique qui ne faiblira jamais, une ambiance frémissante et électrique, avec des « tempi » impétueux. Le ton est vite donné : on assiste à un véritable drame avec ses élans et ses passions. Soulignant le moindre détail, le chef n’en est pas moins très attentif à la vision d’ensemble de l’ouvrage et en offre une lecture intense et différenciée. Les jeunes musiciens de l’Orchestra Giovanile Luigi Cherubini (qui ont tous moins de 30 ans) répondent comme un seul homme. La formation – créée en 2004 par Muti lui-même – stupéfie par sa maturité et sa précision. On relèvera aussi l’excellente prestation du chœur de l’Opéra de Vienne.


Représenté pour la première fois à Venise en 1844, soit deux ans après Nabucco, Ernani marque le début de la collaboration entre Verdi et Francesco Maria Piave, qui va devenir, avant Boito, le librettiste attitré du compositeur, avec dix opéras au total. L’œuvre est basée sur le drame de Victor Hugo Hernani, ou L’Honneur castillan, qui a déclenché, à sa création à Paris en 1830, la célèbre bataille éponyme, qui vit s’affronter les « classiques », tenants d’un théâtre traditionnel, et les « romantiques », partisans d’une révolution de l’art dramatique. Très inspiré par cette histoire tumultueuse de passions et de confrontations (trois hommes, parmi lesquels un roi et un duc, soupirent pour la même femme, qui n’a d’yeux que pour un bandit ténébreux), le jeune Verdi compose une musique fougueuse et enflammée, avec une verve mélodique atteignant déjà des sommets.


La distribution vocale est pratiquement identique à celle des représentations scéniques que Riccardo Muti a données à l’Opéra de Rome en 2013. Ténor ardent et lumineux, Francesco Meli incarne un Ernani passionné et amoureux, qui sied à son personnage de bandit proscrit. Petit bémol néanmoins : le chanteur ne semble connaître qu’une seule nuance, le « fortissimo ». Avec sa voix de bronze, son remarquable sens de la ligne et son superbe « legato », Ildar Abdrazakov propose un magnifique portrait de Silva, vieillard noble et austère que le doute vient ronger. Luca Salsi éblouit, lui aussi, par son « legato » et son art des nuances, composant un souverain particulièrement émouvant et différencié, alliant arrogance et remords. Un cran en dessous de ses collègues masculins, Vittoria Yeo n’en campe pas moins une Elvira fougueuse, avec sa belle voix légère et cristalline, malgré des aigus tendus et des vocalises un peu escamotées. Le spectacle fait l’unanimité, avec des applaudissements enthousiastes pour tous les participants, qui se transforment en ovations lorsque le maestro vient saluer. A Salzbourg, la bataille d’Ernani n’a pas eu lieu !



Claudio Poloni

 

 

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