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A la recherche de Ravel

La Roque
Parc du château de Florans
08/02/2015 -  
Maurice Ravel : Alborada del gracioso – Concerto pour la main gauche – Concerto en sol – La Valse
Vincent Larderet (piano)
Sinfonia Varsovia, Robert Trevino (direction)


V. Larderet (© Christophe Grémiot)


Si le festival de La Roque d’Anthéron fête ses trente-cinq ans, son concepteur, René Martin, inamovible et indispensable directeur artistique, en a exactement trente de plus en ce 2 août: l’orchestre se lève et le chef invite chacun à jouer ou chanter un Happy Birthday to You improvisé.


L’orchestre, c’est le Sinfonia Varsovia, qui entame, avec deux chefs successifs, une longue résidence au festival – six concerts d’ici le 12 août: le dernier est confié au Russe Alexander Vedernikov mais les cinq premiers à l’Américain Robert Trevino (né en 1984), finaliste du concours Svetlanov (2010) et ancien assistant à Cincinnati. Quarante cordes, une acoustique à la sécheresse impitoyable pour révéler la moindre défaillance, un répertoire qui n’est pas dans ses gènes et sans doute guère plus dans ceux du chef texan: la formation polonaise ne part qu’avec peu d’atouts dans ce programme intégralement ravélien. De fait, dès l’Alborada del gracioso (1905/1918), les musiciens semblent repoussés au-delà de leurs limites techniques et l’ensemble – si l’on peut dire, tant la fusion des timbres s’opère mal sous la conque – sonne avec la poésie d’un orphéon de kiosque à musique où les quatre cors, dominant outrageusement les autres pupitres, auraient pris le pouvoir.


Mais si l’on vient à La Roque d’Anthéron, ce n’est pas pour les orchestres et l’on se réjouit donc d’entendre Vincent Larderet, qui s’est notamment fait connaître pour ses affinités avec Ravel, auquel il a tout récemment consacré un disque chez Ars Produktion (voir ici), où paraîtront en outre très prochainement les deux Concertos, avec l’Orchestre symphonique OSE sous la direction de Daniel Kawka (complétés par le premier enregistrement de la version pour piano et orchestre de «J’entends dans le lointain...», première des trois pièces des Ombres de Schmitt).


Ces deux pages concertantes, si différentes quoiqu’écrites au même moment (1929-1931), ne réussissent pas pareillement au pianiste français. Main droite fermement agrippée au cadre de l’instrument, il s’impose dans le Concerto pour la main gauche, grâce à un jeu d’une grande clarté et à une expression où la pudeur dissimule à peine la rage – rien de plus ravélien. Après l’entracte, c’est comme si un autre interprète venait donner le Concerto en sol: tout devient déroutant, de la modération des tempi et du sérieux de l’interprétation dans les mouvements extrêmes – précaution pour assurer une mise en place orchestrale qui s’est effectivement montrée ici ou là défaillante dans le Concerto en sol? – à l’allure vive, au phrasé erratique et à la frappe brutale (forte dès l’entrée de la main droite) dans le merveilleux Adagio – c’est ici davantage Prokofiev ou Stravinski que Ravel, avec un Sinfonia Varsovia aux sonorités exotiques, toujours aussi flottant, malgré un honnête solo de cor anglais (hélas trop en retrait).


Pas de bis, de telle sorte que la soirée s’achemine vers sa conclusion avec La Valse (1920), raide, sans charme, trop pauvre en cordes et emmenée par le chef texan de façon martiale, comme pour un baroud d’honneur. S’adressant, comme en début de concert, en américain à des spectateurs quelque peu interloqués, il explique que les musiciens vont maintenant «reconstituer la valse détruite par Ravel»: c’est pour annoncer un bis bienvenu, vu la brièveté du programme, et très bien accueilli – le public a immédiatement reconnu Le Beau Danube bleu (1867) de J. Strauss, une musique assez rare au concert, après tout, et désormais indissolublement associée aux interprétations on ne peut plus idiomatiques qu’offre le 1er janvier, année après année, le Philharmonique de Vienne. C’est sans doute pour cela qu’il faut considérer avec indulgence la prestation du Sinfonia Varsovia, même s’il aborde un univers culturel et technique qui lui est plus familier que celui de Ravel, sous la direction carrée et énergique de Trevino, qui grossit volontiers le trait.


Le site de Vincent Larderet
Le site de Robert Trevino
Le site du Sinfonia Varsovia



Simon Corley

 

 

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