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Gourmandise musicale

Saintes
Saint-Bris-des-Bois (Abbaye de Fontdouce)
07/28/2015 -  
Ernest Chausson : Trio avec piano, opus 3
Franz Schubert : Trio avec piano n° 2, D. 929

Philippe Cassard (piano), David Grimal (violon), Anne Gastinel (violoncelle)


P. Cassard (© Bernard Martinez)


En charge de la programmation du festival de Fontdouce, Philippe Cassard s’est réservé la dernière soirée dans la salle des moines, mais a tenu à la partager avec deux de ses cadets qui se rangent parmi les plus éminents musiciens français, le violoniste David Grimal et la violoncelliste Anne Gastinel. Les trois musiciens démontrent dès le rare Trio (1881) de Chausson qu’ils forment un bel assemblage, frémissant de passion et de générosité mais sans dérapage sentimental: une exigence et une tenue qui saisissent l’esprit élégiaque de cette musique – tout particulièrement dans le mouvement lent, sommet de l’œuvre, déjà tout à fait typique d’un compositeur pourtant alors seulement âgé de vingt-six ans – mais aussi les moments de joie qu’elle recèle.


Une œuvre de jeunesse... alors que le Second Trio (1827) de Schubert inaugure, à trente ans, sa dernière année créatrice. Comme Philippe Cassard l’a indiqué au cours de l’après-midi, dans sa présentation d’avant-concert, il interprète avec ses partenaires une version du finale réintégrant une centaine de mesures supprimées de la version définitive par le compositeur lui-même: respectant en outre la reprise du premier mouvement, voilà une interprétation qui n’en laisse pas une miette, choix dans lequel il faut sans doute reconnaître la gourmandise du maître des lieux. Point de dévotion statique pour autant, comme le montre un Andante vraiment con moto, mais un régal de vigueur et de musicalité: servi par une qualité instrumentale de tout premier ordre, un Schubert volontiers symphonique, sans mièvrerie, dramatique et robuste, aux accents bien marqués, respirant l’air du grand large.


En bis, dans la même tonalité de mi bémol, l’Adagio con espressione du Quatrième Trio (1797) de Beethoven, écrit l’année de la naissance de Schubert paraît déjà si... schubertien.


Le site de Philippe Cassard
Le site de David Grimal



Simon Corley

 

 

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