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Un géant à Verbier

Verbier
Eglise
07/22/2015 -  
Johann Sebastian Bach: Partita n° 1 en si bémol majeur, BWV 825
Ludwig van Beethoven: Sonate pour piano n° 7 en ré majeur, opus 10 n° 3
Franz Schubert: Sonate pour piano n° 16 en la mineur, D. 784 – Moments musicaux, D. 780

Grigory Sokolov (piano)


G. Sokolov


Au sortir d’un récital de Grigory Sokolov, on comprend facilement pourquoi le célèbre pianiste russe a des aficionados qui guettent avec fébrilité le moindre de ses concerts. Comment parler de cet artiste sans verser dans le dithyrambe, un personnage par ailleurs surprenant qui se tient éloigné des conventions de la communication... et qui n’enregistre pas...


Il débute le concert par la Première Partita de Bach, qu’il attaque après un bref salut, sans sourire, et la magie commence, Sokolov renouvelant entièrement notre perception de cette musique. Dans cette Partita en si bémol, très vite, au bout de quelques mesures du Prélude, le piano s’estompe, et nous entrons dans un autre monde, celui d’une musique certes connue mais jamais entendue ainsi. On aperçoit un dos qui s’arrondit au gré des mouvements de deux mains miraculeuses, qui engendrent des sonorités inouïes. L’Allemande, grave, mais sans lourdeur aucune, la Courante, délicieusement ornée et, bouleversante de tendresse, une Sarabande à toucher les cœurs les plus endurcis, avant une Gigue finale qui fait de son piano un véritable orchestre. Avec la Septième Sonate de Beethoven qui suit, il donne à entendre son immense puissance en la faisant contraster par des caresses impalpables sur le clavier. Dans le Largo, Sokolov nous plonge dans une nuit noire, avant d’exploser le Rondo final, avec des fulgurances incroyables et des sonorités brillantes.


Avec la Sonate D. 784 de Schubert, le pianiste nous emporte dans un vrai voyage tout au long de ses trois mouvements (en lieu et place des quatre habituels), un voyage néanmoins fébrile et angoissé puisque le compositeur vient de contracter peu auparavant la maladie vénérienne qui l’emportera cinq ans plus tard. La fin du troisième mouvement, extrêmement virtuose, est l’un des rares moments de révolte dans l’œuvre de Schubert. Toujours aussi marmoréen – cherchant vraisemblablement à préserver son étonnante concentration –, il ne fait pas retomber ses bras et enchaîne quasi ex abrupto avec les six Moments musicaux du même Schubert. Sokolov, visiblement inspiré par ces pages, livre au public une interprétation ici aussi d’une rare concentration, tout simplement bouleversante. C’est merveille d’écouter le retentissement des accords, placés comme sur du velours... et puis quel arrachement à chaque fin de phrase! On manque de superlatifs pour décrire l’immense poésie qu’il parvient à distiller dans chacun de ces Moments.


Quant aux bis – légendaires chez l’artiste russe –, il ne joue pas moins de quatre Mazurkas, puis le Quinzième des Préludes de l’Opus 28 de Chopin, et enfin «Canope», extrait du Second Livre des Préludes de Debussy, d’un dépouillement à tirer les larmes.



Emmanuel Andrieu

 

 

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