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Rencontres icaunaises

Noyers
Eglise Notre-Dame
07/25/2015 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 17 «La Chasse», K. 458 (arrangement David Walter)
Georges Bizet : Carmen: Suites n° 1 et n° 2 (extraits) (arrangement David Walter)
Antonín Dvorák : Quatuor n° 12 «Américain», opus 96, B. 179 (arrangement David Walter)

Quintette Moraguès: Michel Moraguès (flûte), David Walter (hautbois), Pascal Moraguès (clarinette), Pierre Moraguès (cor), Giorgio Mandolesi (basson)




Sur les bords du Serein, un affluent de l’Yonne, Noyers – prononcer «noyère» – possède le charme et les vieilles demeures de bon nombre d’autre cités médiévales plus célèbres, sans pour autant souffrir des inconvénients touristiques et commerciaux si souvent associés à ces villages remarquables. Un secret bien gardé, comme celui des Rencontres musicales, qui sont pourtant l’une des cinq parties prenantes du «Festival musical des grands crus de Bourgogne» et qui fêtent cette année leur vingt-cinquième édition. La programmation n’a rien à envier aux plus grands – il suffit de mentionner Gary Hoffman, Juliette Hurel, Adam Laloum, Edgar Moreau, Tedi Papavrami, Anne Queffélec, Pierre Réach, le Quatuor Voce et la Camerata de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam. Tous ces artistes se succèdent, du 12 au 29 juillet, au fil de neuf concerts (pour lesquels le tarif le plus élevé atteint 20 euros seulement), huit en l’église Notre-Dame (XVIe) de Noyers et un à Poilly-sur-Serein.


A l’image d’autres manifestations comparables, les Rencontres musicales sont complétées par une «académie d’été»: à l’issue de ces stages et classes de maître, ouverts au public et dispensés notamment par certains des artistes à l’affiche du festival, les élèves donnent sept concerts gratuits. Cette initiative confère une ampleur accrue et un supplément d’âme à ces quinze jours qui doivent tout, comme si souvent en France, à une association, présidée par Chantal Bonnard: on ne dira en effet jamais assez ce que la vie musicale en France doit au dévouement et à la passion de tous les bénévoles, en particulier durant l’été.



Pierre Moraguès, Pascal Moraguès, M. Moraguès, G. Mandolesi, D. Walter
(© Yves Perton)



Emblématique de l’excellence de l’école française des vents, le Quintette Moraguès, depuis maintenant trente-cinq ans, n’a pas changé la recette de son succès, autour des trois frères Moraguès, chacun soliste d’un des grands orchestres parisiens – Michel, le flûtiste, au National, Pascal, le clarinettiste, à l’Orchestre de Paris et Pierre, le corniste, à l’Opéra – et du hautboïste David Walter, qui a considérablement élargi le répertoire destiné à cette formation par ses arrangements d’une ingéniosité toujours confondante. Seul changement notable, quoique n’ayant nullement remis en cause le niveau et la complicité au sein de l’ensemble, Patrick Vilaire a été remplacé par Giorgio Mandolesi, basson solo de l’Orchestre de Paris.


Avec le Dix-septième Quatuor «La Chasse» (1784), celui qui ignorerait que le Quintette Moraguès joue un arrangement serait tout à fait pardonnable, tant le résultat sonne comme une œuvre originale qu’on pourrait aisément faire passer pour l’un de ces nombreux divertissements ou sérénades composés par Mozart. Il est vrai que l’œuvre s’y prête sans doute mieux que d’autres, le contexte cynégétique évoqué par le sous-titre permettant par exemple au cor de s’en donner à cœur joie. Six extraits des deux Suites de Carmen (1875) de Bizet offrent ensuite l’occasion aux individualités – hautbois, basson, flûte – de s’exprimer davantage, d’autant que l’acoustique, de bonne qualité pour un édifice religieux, met en valeur la sonorité des instruments aussi bien que le jeu collectif.


Après l’entracte, le Douzième Quatuor «Américain» (1893) de Dvorák porte la signature des Moraguès: le défi technique – comme si de rien n’était, un quatuor se fait quintette et les vents s’approprient les difficultés des cordes – n’exclut jamais la musicalité la plus aboutie. Ici aussi, le choix de la partition est habile, l’arrangement faisant ressortir le caractère pastoral d’une musique qui se plaît même à citer le chant du tangara écarlate. Un régal qui incite le public, à commencer par Anne Queffélec et Tedi Papavrami, à réclamer des bis dont la générosité compense largement la brièveté du programme.


Une histoire de famille, aussi, pour commencer, avec les frères Strauss, qui étaient également trois, Johann et Josef s’étant mis à deux pour la délicieuse Pizzicato-Polka (1869) – ce n’est pas ce mode de jeu si typique des cordes qui va impressionner nos souffleurs. Quant à la Polka de L’Age d’or (1930) de Chostakovitch, elle semble avoir été écrite pour cette formation, tant on l’imagine accompagner quelque film muet burlesque de cette époque. «Maria», extrait de West Side Story (1957) de Bernstein, offre un répit plus nostalgique et expressif, mais le Quintette Moraguès prend congé, debout, sur le rythme endiablé de la dernière (Con moto e follemento) des quatre Rikudim (Danses) du Belge Jan Van der Roost (né en 1956), avec force mimiques et jeux de scène, ponctués par des «Hey!» sonores. Irrésistible: les spectateurs ne se font d’ailleurs pas prier pour frapper dans leurs mains.


Le site des Rencontres musicales de Noyers
Le site de David Walter



Simon Corley

 

 

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