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Onze roses rouges pour Elisabeth Leonskaïa

Madrid
Auditorio Nacional
05/29/2015 -  et 2, 4, 9, 11, 30 juin 2015
Œuvres de Schubert, Schoenberg, Webern et Berg
Elisabeth Leonskaïa (piano)


E. Leonskaïa (© Centro Nacional de Difusión Musical (CNDM))


En six jours, du 29 mai au 30 juin, Mme Elisabeth Leonskaïa a donné six concerts inoubliables. Et au moins un autre concert dans un hôpital de Madrid. C’était une des séries du Centre national de diffusion musicale (CNDM) du ministère de la culture, le cycle final intitulé «Contrapunto de verano» («Contrepoint d’été»), très prestigieux après ses trois premières éditions, toujours en fin de saison. Cette fois-ci le contrepoint obligé était Schubert vs. la Nouvelle Ecole de Vienne – pas si nouvelle que cela cent trois ans après Pierrot lunaire: l’intégralité des Sonates de Schubert (hormis quelques-unes de prime jeunesse) et une belle sélection de pages de Schoenberg, Berg et Webern.


Des six, on en a raté deux, dommage, mais les quatre auxquels on a assisté ont été de véritables événements. Et aussi les autres, si l’on en croit des témoignages fiables. Et le dernier, le 30 juin, s’est conclu en apothéose pour Leonskaïa, salle comble, un public enthousiaste... et onze roses en cadeau, parce qu’en Géorgie, où elle est née, et partout dans les nations de l’ancienne Union soviétique il faut offrir onze roses, jamais douze, jamais dix. – avouons-le, nous l’ignorions. Antonio Moral, directeur du CNDM, a fait un portrait et un éloge final de Leonskaïa, une artiste qui fuit la splendeur autant qu’elle approfondit au maximum les partitions qu’elle interprète. Son apparence modeste ne doit pas nous tromper: Leonskaïa possède l’orgueil de la véritable artiste, celle qui ne s’en vante jamais.


Que peut-on écrire, dire, raconter de ces concerts? Faut-il s’arrêter sur les nuances de la pianiste dans les mouvements lents, pénétrants, des Sonates D. 894, D. 959, D. 960...? Faut-il remarquer la tension inouïe au moment de l’égrainement des brèves pièces du suggestif Opus 19 de Schoenberg, ou plutôt signaler le pur classicisme des pièces antérieures à la grande maturité de Schubert? Ou bien encore, la conception moderne-postromantique d’une version diaphane et pleine de tension de l’Opus 1 de Berg? Leonskaïa semble ne pas vouloir nous donner à entendre deux écoles – la Vienne préromantique, la Vienne postromantique et expressionniste – qui seraient semblables ou proches. Au contraire, ce sont deux Vienne tout à fait diverses, lointaines, aussi riches toutes les deux pour avoir un lien caché qu’on ne nous montre pas dans un cycle de concerts; il faudrait la sagesse de Johnston, de Schorske, de La Grange... Mais cela existe. Et la citoyenne viennoise d’origine russe l’a suggéré pendant six jours inoubliables à Madrid. Elle méritait certainement ses onze roses. Leonskaïa vient très souvent chez nous. On pourra la remercier encore une fois l’année prochaine.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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