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Ravel à Vienne

Vienna
Musikverein
06/10/2015 -  et 11, 12 juin 2015
Joseph Haydn: Symphonie n° 85 «La Reine»
Felix Mendelssohn-Bartholdy: Concerto pour piano n° 1, opus 25
Claude Debussy: La Mer
Maurice Ravel: La Valse

Jasminka Stancul (piano)
Wiener Symphoniker, Juraj Valcuha (direction)


J. Valcuha (© Rolando Paolo Guerzoni)


Une symphonie parisienne par un Autrichien, un concerto italien par un Allemand, et une valse viennoise par un Français: voici de quoi donner vie à un projet européen!


L’entrée en matière ne laissait en rien présager l’apothéose finale. La symphonie de Haydn, sous-titrée «La Reine de France», ne convainc pas et manque singulièrement de rebondissements ; le jeune chef slovaque (38 ans) semble ne pas prendre ses marques et traverse poliment la partition sans y faire émerger de relief particulier. Prenons l’exemple du deuxième mouvement (Romance. Allegretto), fondé sur des variations de la chanson populaire «La gentille et jeune Lisette». Que faire de ce thème naïf et maladroit? Pris trop lentement, les crins des archets restent englués aux cordes – et pourtant de manière paradoxale on a la sensation de frôler la précipitation.


L’orchestre retrouve son tranchant à l’attaque du concerto de Mendelssohn. Jasminka Stancul, revêtue d’une élégante queue-de-pie, ne cède jamais au caractère démonstratif de la partition et cisèle les traits de virtuosité avec raffinement. La soliste tire parfaitement profit du timbre lumineux, direct et puissant de son piano Fazioli pour gorger la partition de soleil. L’accompagnement orchestral est à la hauteur, à la fois précis et sans affect, toujours en parfait équilibre avec la soliste.


S’ouvre une seconde partie consacrée aux compositeurs français: c’est tout d’abord une Mer sémillante, toujours en mouvement, qui n’invite guère à la contemplation méditative. Pas de grandes lames de fond qui viendraient déferler sur les auditeurs, mais plutôt des successions de vagues imprévisibles et foisonnantes. On admire en particulier la maîtrise des forte, résonnant sans tonitruance et aux belles teintes dorées. En fin de compte, si elle compromet parfois la transparence du tissu orchestral, cette vision virevoltante convainc particulièrement dans la dernière de ces «trois esquisses symphoniques».


La Valse de Ravel clôt ce programme, et dès les premières notes, le ton est donné: rythmique, rapide et tourbillonnante, cette interprétation nous ramène clairement aux origines viennoises de la pièce et gomme son côté morbide. C’est à peine si on note les quelques élans mélancoliques qui traversent la partition. Les musiciens tiennent sans faiblir le tempo infernal imposé par la baguette de Juraj Valcuha, comptant sur des réflexes façonnés par les milliers d’heures de musique straussienne pour combiner souplesse et vivacité. La conclusion est phénoménale, transformant l’orchestre en un gigantesque glissando, au milieu duquel surgissent des rugissements de cuivres. Ravel qui décrivait sa composition comme un «tourbillon fantastique et fatal» avait-il prévu cet imparable élan vital? C’est peu probable, mais on ne peut que saluer cette prise de position rafraîchissante et sans compromis.



Dimitri Finker

 

 

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