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On oubliera ce Fidelio

Madrid
Teatro Real
05/27/2015 -  et 30 mai, 2, 5*, 7, 11, 14, 17 juin 2015
Ludwig van Beethoven: Fidelio, opus 72
Adrianne Pieczonka (Leonore), Michael König (Florestan), Franz-Josef Selig (Rocco), Anett Fritsch (Marzelline), Ed Lyon (Jaquino), Goran Juric (Don Fernando), Alan Held (Pizarro), Enrique Lacárcel, Carlos García-Ruiz (Deux prisonniers)
Coro Titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Maspero (chef de chœur), Orquesta Titular del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Hartmut Haenchen (direction musicale)
Pier’Alli (mise en scène, décors, costumes et lumières), Simona Chiesa (chorégraphie)


E. Lyon, A. Fritsch (© Javier del Real/Teatro Real)


Dommage! Un Fidelio routinier dans un théâtre qui, durant la dernière décennie, ne nous y avait guère habitué, affichant des productions belles, éclatantes, même si l’on n’était pas d’accord avec certaines d’entre elles. L’oubli pourrait s’emparer de cette mise en scène tout sauf mémorable, mais les noms de l’équipe artistique sonnent une séquelle de l’ère Mortier et c’est par de grands professionnels que cette production menée sans inspiration dans la fosse et sur scène.


Pier’Alli, le metteur en scène, méconnaît l’art de la direction d’acteurs, du moins en cette occasion – on se demande même s’il y était: les acteurs-chanteurs se tiennent debout, comme des poteaux... et ils chantent. Il y a certes une idée très bienvenue – la vidéo du château-prison, pas loin de Piranèse, mais sans volonté de l’évoquer – mais les mouvements chorégraphiques des troupes, un peu trop «petits soldats de plomb», prêtent à sourire.


La Canadienne Adrianne Pieczonka a une belle voix lyrique pour jouer un autre rôle, pas celui de Léonore, plus dramatique. Or, on voit qu’elle possède à son répertoire des rôles tels que Donna Anna, Desdémone, Elsa, Tatiana, Tosca, Arabella, Isabelle de Valois... C’est sa première apparition au Teatro Real, où elle obtenu un vrai succès, pas du tout symbolique malgré tout: on aimerait donc bien l’entendre et la voir dans d’autres rôles plus appropriés. Michael König est connu au Teatro Real, où il s’est produit dans le mémorable Mahagonny de la Fura del Baus en 2010 et dans le rôle d’Andreï de Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch en 2011; il est un ténor acceptable – on l’a vu aussi en faux Dmitri dans Boris en 2012 – et un Florestan pas mémorable, mais correct, qui aurait peut-être été meilleur s’il avait été mieux dirigé, musicalement et théâtralement.


Anett Fritsch, également connue au Teatro Real, en Marzelline, rôle de soubrette pas facile du tout, excelle dans la distribution par sa meilleure disposition au théâtre et ses atouts vocaux. Le Jaquino du Britannique Ed Lyon n’atteint pas pareil niveau. Le Rocco de Franz-Josef Selig, voix profonde et capacités un peu limitées, a une présence dramatique assez imposante pour se distinguer dans ce plateau dont la prestation n’est pas satisfaisante – une prestation, il faut y insister, en dessous de ses possibilités. Et il vaut mieux en s’arrêter là avec les noms des chanteurs.


On a l’impression que Hartmut Haenchen n’aime pas tellement Fidelio. On a vu l’enregistrement vidéo de son Iphigénie en Tauride à Genève en février (avec Anna Caterina Antonacci) et on aurait dit un autre artiste, plus inspiré, croyant davantage dans la partition. Nous avons vu Haenchen au Teatro Real, souvent avec König, justement. On ne sait pas qui a eu l’idée d’interpréter les deux derniers mouvements de la Cinquième Symphonie de Beethoven entre les deux tableaux de l’acte II – d’habitude, c’est l’Ouverture Léonore III. Pour changer le décor? Peut-on demander du temps pour changer le décor dans un théâtre doté d’un équipement aussi moderne que celui du Teatro Real? Il est vrai que la production vient du Palau de les Arts de Valence, un théâtre nouveau mais conçu selon des critères pas essentiellement théâtraux. Le mystère demeure...


Comme d’habitude, le chœur titulaire du théâtre, dirigé par Andrés Máspero, s’est illustré. Il est dommage que la réalisation de Haenchen et Pier’Alli nous prive de tout moment d’émotion. On ne regrette certes pas les excès de pathos du temps jadis – ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Mais l’histoire politique de cette femme héroïque, Léonore, mérite quand même un peu d’émotion dramatique, malgré l’ingénuité et la naïveté de l’histoire de Sonnleithner et Beethoven, telle que nous la voyons dans notre perspective privée d’innocence.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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