About us / Contact

The Classical Music Network

Lille

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le système Sivadier

Lille
Opéra
05/18/2015 -  et 20, 23, 26, 28, 31* mai, 2, 4, 7 juin 2015
Giacomo Puccini: Madama Butterfly
Serena Farnocchia/Tatiana Monogarova* (Cio-Cio San), Victoria Yarovaya (Suzuki), Merunas Vitulskis (Pinkerton), Armando Noguera (Sharpless), François Piolino (Goro), Tim Kuypers (Le Prince Yamadori, Le Commissaire impérial), Ramaz Chikviladze (Le bonze), Virginie Fouque (Kate Pinkerton), Jérôme Savelon (Yakuside), Thomas Flahauw (L’officier d’état civil), Anne-Cécile Laurent (La mère de Cio-Cio San), Michelle Seitz Lagache (La tante), Eleonore Lemaire (La cousine), Rachid Zanouda (Le serviteur), Raphaël Poirot/Ethanaël Secq (L’enfant)
Chœur de l’Opéra de Lille, Yves Parmentier (chef du chœur), Orchestre national de Lille, Antonino Fogliani (direction)
Jean-François Sivadier (mise en scène), Virginie Gervaise (décor, costumes), Philippe Berthomé (lumières)





L’Opéra de Lille reprend sa Madame Butterfly (1904) de 2004. Du Sivadier à l’état pur : vide au départ, le plateau se remplit au fur et à mesure de toiles utilisées de manière suggestive et de quelques accessoires qui suffisent, sous un éclairage étudié, à créer un décor d’une grande beauté, à la fois simple et poétique. Le metteur en scène reprendra peu ou prou le même principe dans Les Noces de Figaro (2008), Carmen (2010), Le Couronnement de Poppée (2012) et Le Barbier de Séville (2013), forgeant ainsi un langage personnel mais prévisible. Grâce à un sens supérieur du théâtre et de l’occupation de l’espace, il se déroule continuellement quelque chose dans ce spectacle pudique et éloquent, dépourvu de référence trop explicite à l’Extrême-Orient.


Tatiana Monogarova incarne Cio-Cio San durant deux représentations : moins convaincante en jeune fille de quinze ans au premier acte qu’en femme par la suite, la soprano dresse un personnage au profil contrasté mais la composition théâtrale inspire moins de réserve que le chant, à l’intonation parfois fruste et aux registres abruptement soudés – le legato, en revanche, laisse admiratif. Le timbre ne possède pas de vertus particulières mais la voix demeure longue et puissante, malgré l’intensité de l’incarnation. Victoria Yarovaya campe une Suzuki digne et sensible, prestation, en comparaison, plus égale et plaisante, grâce à une voix plus engageante et mieux façonnée.


Mettant en valeur un timbre agréable et plutôt clair, le ténor lituanien Merunas Vitulskis ne laisse planer aucun doute sur la sincérité de l’engagement et chante avec tenue mais il compose un Pinkerton trop schématique. Le Sharpless d’Armando Noguera – chant convenable mais peu typé – ravive le souvenir que le baryton argentin a laissé en Figaro sur cette scène il y a deux ans et confirme un tempérament affirmé et une présence rayonnante. Chanteur habile et comédien talentueux, François Piolino révèle le potentiel théâtral insoupçonné de Goro, personnage presque aussi important, dans cette production, que Pinkerton et Sharpless – le genre de chanteur exercé dans les rôles de caractère que l’on remarque moins pour sa voix que pour son jeu théâtral. Parmi les personnages secondaires, le Bonze du monumental Ramaz Chikviladze ne passe pas inaperçu, même lors des saluts.


Sous la direction motivée mais sous contrôle d’Antonino Fogliani, l’Orchestre national de Lille développe une sonorité pleine et affiche beaucoup d’élégance, de précision et de finesse. Ce chef de fosse chevronné souligne les contrastes sans les accuser exagérément, préserve les voix, malgré un volume sonore parfois important, et met en valeur la beauté des thèmes et la richesse de l’orchestration.



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com