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Piano de concours

Strasbourg
Palais de la musique
02/12/2015 -  et 13 février 2015
Piotr Illitch Tchaïkovski : Concerto pour piano et orchestre n° 1 en si bémol mienur, opus 23
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 4 en ut mineur, opus 43

Denis Kozhukin (piano)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Vassily Sinaisky (direction)


D. Kozukhin (© Marco Borggreve)


Denis Kozhukin est né en 1986 à Nijni-Novgorod. Bigre ! Que diable peut-on faire là-bas toute la journée, à part peut-être jouer du piano ? En tout cas une discipline de fer et une technique à toute épreuve typiques de l’école russe ont fini par propulser ce jeune prodige tout en haut du palmarès du Concours Reine Elisabeth, en 2010. S’ensuit depuis lors une carrière internationale sans passage à vide mais sans éclat particulier non plus. Un peu comme dans ce Premier Concerto de Tchaïkovski attaqué sabre au clair, doigts d’acier et avant-bras puissants, mais où le discours se segmente ensuite en séquences de bravoure sans grande velléité de continuité. On ne s’ennuie jamais à ce jeu de sons et de gestes, mais la finalité de la chose échappe, hormis la mise en valeur d’un bagage technique effectivement impressionnant. La familiarité de chacun avec ce pilier du répertoire pianistique aide heureusement à s’y retrouver, davantage d’ailleurs que la direction efficace mais sans subtilité particulière de Vassily Sinaisky.


En bis, le Prélude en si mineur de Bach-Siloti, nous révèle le versant plus intimiste de cette technique à toute épreuve, égalité de toucher parfaite voire appréciables capacités de gradation dynamique : Denis Kozhukin est assurément un pianiste à haut potentiel, mais que l’on aimerait réécouter dans un contexte plus stimulant.


Terrible seconde partie, au sens propre du mot. La Quatrième Symphonie de Chostakovitch est contemporaine de la déchirante Lady Macbeth de Mzensk. Elle en partage la même sincérité hurlante, la même dramatisation viscérale d’épisodes paroxystiques qui émergent soudain d’un quotidien morne voire étouffant. Répétition obsessionnelle de petites cellules mélodiques, explosions de tutti qui mettent parfois nos cochlées à rude épreuve (les musiciens se munissent de protections auditives pour certains passages, et ils ont amplement raison), c’est tout à la fois du grand Chostakovitch et une musique de valeur au moins discutable, dont les potentialités énormes se diluent dans un problématique ennui narratif. Longueurs brucknériennes à accepter en tant que telles ? On en reste moyennement convaincu, malgré l’engagement physique du chef et l’absence de faille de l’exécution instrumentale. La beauté fascinante de la coda, sublime engrenage pianissimo qui semble ne plus vouloir s’arrêter, jusqu’au silence conclusif, ne change pas foncièrement la donne, un certain soulagement semblant prédominer dans la salle lors des premiers applaudissements. Saluons en tout cas le courage d’une telle programmation, qui nous fait découvrir une œuvre qui ne traîne pas souvent sur les pupitres, ni même d’ailleurs dans les tiroirs de nos platines. De façon surprenante on va pouvoir retrouver cette même symphonie l’année prochaine, au programme cette fois du luxueux Festival de Pâques de Baden-Baden 2016, où elle risque d’affoler violemment les brillantines. On est d’avance très curieux de ce que Sir Simon Rattle et l’Orchestre philharmonique de Berlin parviendront à en tirer...



Laurent Barthel

 

 

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