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Victoria Hall
05/20/2015 -  
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 4, opus 58 – Symphonie n° 6, opus 68, «Pastorale»
Nelson Freire (piano)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)


P. Jordan (© Jean-François Leclercq)


Soyons réalistes, les orchestres français n’ont pas toujours et partout une bonne réputation. Il leur est souvent reproché un certain problème de discipline, un manque de couleur aux cordes et une dynamique un peu pauvre. A cela s’ajoutent des histoires un peu cauchemardesques comme ce qui arrive aux Musiciens du Louvre Grenoble ainsi que les derniers remous autour des formations de Radio France. Mais comme cette soirée le démontre, lorsque des musiciens français ont la possibilité de travailler dans des conditions stables et professionnelles, ils sont capables de se mesurer aux meilleurs.


Nelson Freire avait déjà proposé en 2013 dans cette même salle ce même Concerto opus 58 avec l’Orchestre de São Paulo. L’exécution qu’il avait donnée de cette œuvre était feutrée et intimiste, le pianiste adaptant son jeu aux capacités d’un orchestre sympathique mais un peu terne. C’est un orchestre bien plus coloré et sonore qui l’accompagne cette fois. La différence de style est frappante. Le Brésilien est cette fois-ci en confiance et son jeu possède relief et puissance. Son toucher garde la qualité et la musicalité qu’on lui connaît sans qu’aucune dureté ne vienne le perturber. L’orchestre l’accompagne avec beaucoup de soin, respectant ses choix de phrasés et s’adaptant à ses rubatos. Les cordes trouvent des accents sévères dans l’Andante con moto qui contrastent bien avec l’intériorité du soliste. Pris à un tempo assez vif, certains passages du Rondo. Vivace souffrent de quelques petites approximations mais c’est le prix à payer pour une conception pleine de jeunesse et dynamisme. Très applaudi par un public qui le connaît bien, Nelson Freire nous donne un de ses bis de prédilection, l’arrangement par Giovanni Sgambati (1841-1914) de la «Plainte d’Orphée» extraite du «Ballet des esprits bienheureux» du deuxième acte d’Orphée et Eurydice (1762) de Gluck, plein de recueillement et d’intériorité.


Philippe Jordan et ses musiciens ont eu l’occasion de travailler tout au long de l’année les Symphonies de Beethoven et le résultat est éclatant. L’orchestre montre à nouveau une belle dynamique. Les pupitres sont équilibrés avec des bois homogènes et un superbe clarinettiste solo. Les attaques sont franches et les musiciens «tiennent le son». Les phrasés sont imaginatifs, la musique est caractérisée. Les évocations des danses paysannes sont rustiques à souhait, les sonorités en sourdine de la «Scène au bord du ruisseau» permettent de faire ressortir le calme et la sérénité de ce mouvement. L’«Orage» est «wagnérien» et le sublime dernier mouvement est plein de poésie. L’autorité que Philippe Jordan dégage n’est pas sans rappeler, même si les choix esthétiques sont d’une autre époque, ce que faisaient un George Szell ou même un Karajan. Il sait mettre en valeur et respecter l’architecture de l’œuvre et fait preuve d’une très grande maîtrise technique. Très attentifs à leur chef, les musiciens sont à leur aise et jouent avec un plaisir et une concentration évidents.


Il n’y a rien de surprenant que l’Opéra de Paris se soit empressé de prolonger le chef suisse. Combien de chefs de sa génération ont un tel niveau, une telle expérience et un tel... potentiel? Où sera-t-il dans dix ans? Victoria Hall, où le souvenir de son père qui a dirigé l’OSR pendant plus de dix ans, était plein à cette occasion et a fait triomphe à l’enfant du pays. Ce concert, qui était la première visite genevoise de ces musiciens, était à marquer d’une pierre blanche.


Steve Roger, directeur de la saison des «Grands interprètes» en a profité pour présenter sa saison 2015-2016. Elle fera la part belle à de nombreux pianistes. Radu Lupu et la Kremerata Baltica joueront Mozart et Weinberg, Denis Matsuev, Helène Grimaud, Christian Zacharias seront également de retour. Renaud Capucon et Nicolas Angelich joueront les chefs-d’œuvre que sont les trois Sonates pour violon et piano de Brahms. Mais il faut surtout souligner l’originalité du programme de musique de chambre, qui accueillera une pléiade de grands quatuors : Prazák, Pavel Haas, Borodine, Hagen... dans des œuvres où les classiques (Mozart, Beethoven, Schubert) se mélangeront à des œuvres plus récentes de Dutilleux, Chostakovitch, Webern, Kurtág ou sortiront des sentiers battus avec des œuvres peu jouées de Prokofiev, Schumann ou Smetana.


La saison 2015-2016 des «Grands interprètes»


Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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