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Un Così rafraîchi et juvénile

Limoges
Opéra-Théâtre
05/10/2015 -  et 12* mai 2015
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588
Maren Favela (Fiordiligi), Hanna Hipp (Dorabella), Susanna Hurrell (Despina), Anthony Gregory (Ferrando), Philippe Estèphe (Guglielmo), Riccardo Novaro (Don Alfonso), Thomas Dardenne, Virginie Delagnier, Lucile Durant, Etienne Gaudillere, Aurore James, Marie Marquet, Danilo Pacheco, Yona Provins, Sébastien Raymond (figurants)
Chœur de l’Opéra-Théâtre de Limoges, Jacques Maresch (chef de chœur), Orchestre de Limoges et du Limousin, Robert Tuohy (direction musicale)
Jim Lucassen (mise en scène), Juliette Paul (assistante mise en scène), Ton Boorsma (dramaturge), Silke Willrett (costumes), Reinhard Traub (lumières), Philippe Roy (réalisation lumières)


Les réalités techniques peuvent parfois s’avérer cruelles: le Così fan tutte réglé par Jim Lucassen pour Nancy en septembre 2012 en fait l’expérience dans cette reprise en ce mois de mai par l’Opéra de Limoges. Là où les dimensions du plateau lorrain écrasaient sensiblement la partie supérieure du dispositif scénographique, le rapport avec la salle limousine se montre nettement plus favorable, gommant la réduction conceptuelle à la boutique de mariage où le souvenir avait figé la production. Nonobstant de menus aménagements, la nouvelle réalisation des lumières, confiée à Philippe Roy, prend une part significative à ce rafraîchissement, redynamisant des éclairages alors plus ternes qu’intimistes, et dont tire un bénéfice certain l’Eden de pelouse verte du second acte – avec pomme et serpent pour le chœur final. On redécouvre alors un humour qui ne se refuse pas le potache, à l’instar de la gaudriole manifeste des mains sur la couture du pantalon, tandis que l’allure des faux Albanais à coupe afro emprunte davantage à la mode hippie sinon seventies. On relève d’habiles trouvailles, à l’image des étrangers factices cachés immobiles derrière le rideau d’une vitrine, telle une tentation consumériste à laquelle se refusent les deux jeunes filles, et l’ensemble n’a pas besoin de trahir le texte pour garder son allant.


Le plateau accorde fait la part belle à la jeunesse, recelant plus d’une prise de rôle. Maren Favela imprime à Fiordiligi ce que l’on attend de dramatisme, et dévoile une appréciable sensibilité dans l’ornementation. Hanna Hipp contraste en une Dorabella avec une vocalité plus charnue, alibi symptomatique de la mezzo que l’on aurait tort de bouder. La Despina de Susanna Hurell ne perd pas son timbre ni ses notes au gré de ses travestissements. Anthony Gregory compense par sa musicalité une émission un peu serrée qui trahit sa fragilité au fil de la soirée, tandis que Philippe Estèphe lui donne une solide réplique en Guglielmo, où l’on sent que le travail sur l’incarnation a porté ses fruits. Les lauriers reviennent au Don Alfonso de Riccardo Novaro, idéal pédagogue où le grain vocal le dispute à une diction sans reproche, d’une clarté exemplaire rendant obsolète tout surtitre: indéniablement cet ancien Guglielmo se confirme comme l’un des meilleurs Alfonso du moment, que Limoges peut s’enorgueillir d’avoir offert à son public. Outre les chœurs préparés par Jacques Maresch, l’on peut saluer la direction de Robert Tuohy, attentive à la dynamique scénique. Il ne cherche pas à obliger l’Orchestre de Limoges et du Limousin à grimer les baroqueux, et privilégie une fluidité et une rondeur qui ne ralentissent jamais l’intrigue, preuve que la vérité mozartienne sait être multiple.



Gilles Charlassier

 

 

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