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La Scala en de bonnes mains

Milano
Teatro alla Scala
05/01/2015 -  et 5, 8, 12, 15*, 17, 20, 23 mai 2015
Giacomo Puccini : Turandot (scène finale de Luciano Berio)
Nina Stemme (Turandot), Aleksandrs Antonenko/ Stefano La Colla* (Calaf), Maria Agresta (Liù), Carlo Bosi (Altoum), Alexander Tsymbalyuk (Timur), Angelo Veccia (Ping), Roberto Covatta (Pang), Blagoj Nacoski (Pong)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Riccardo Chailly (direction musicale)
Nikolaus Lenhoff (mise en scène), Daniel Dooner (collaboration à la mise en scène), Raimund Bauer (décors), Andrea Schmidt-Futterer (costumes), Duane Schuler (lumières), Denni Sayers (chorégraphie)


(© Brescia/Amisano–Teatro alla Scala)


Si le Fidelio de décembre dernier a marqué l’ouverture officielle de la saison 2014-2015 de la Scala, Turandot représente en quelque sorte une seconde inauguration, tout aussi importante. D’abord, parce que la première du spectacle a eu lieu le jour même de l’ouverture de l’exposition universelle de Milan. Jusqu’au 31 octobre, soit pendant toute la durée de la manifestation, le rideau de la Scala s’ouvrira tous les soirs, du jamais vu dans l’histoire du vénérable théâtre. Et surtout parce que cette production scelle l’arrivée de Riccardo Chailly en tant que « chef principal de la Scala », avant qu’il ne prenne effectivement la direction artistique de l’illustre maison en 2017. Le célèbre chef milanais a d’ores et déjà annoncé qu’il allait diriger ici Giovanna d’Arco de Verdi et La fanciulla del West de Puccini. Incontestablement, c’est lui l’atout principal de cette Turandot. En chef sachant ce que théâtre veut dire, il n’hésite pas à exalter le caractère dramatique de l’ouvrage et en offre une lecture vibrante et frémissante, nerveuse de bout en bout, ne relâchant jamais la tension, faisant ressortir successivement la cruauté et le côté sauvage de l’œuvre mais aussi son lyrisme et sa douceur, avec de magnifiques couleurs dans les pages chromatiques. Après les règnes d’Abbado, de Muti et de Barenboim, on peut déjà dire que la Scala continuera d’être en de bonnes mains !


Le finale choisi pour cette série de représentations est celui composé par Luciano Berio en 2001 et créé sous la baguette de Riccardo Chailly aux Iles Canaries. Si l’orchestration de Berio est bien plus complexe et fouillée que celle d’Alfano, qui a eu les faveurs des théâtres lyriques jusqu’ici, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a une vraie rupture de style à partir des dernières notes composées par Puccini lui-même, donnant au spectateur l’impression d’entendre deux œuvres distinctes. Toujours est-il cependant que les pages écrites par Berio sont moins « triomphales » que celles d’Alfano et colorent donc différemment la fin de l’ouvrage, qui se termine sur un « pianissimo » semble-t-il voulu par Puccini, lequel était très admiratif du Tristan et Iseult wagnérien.


Pour cette Turandot milanaise, Riccardo Chailly peut compter sur une distribution vocale difficile à surpasser aujourd’hui. Dans le rôle-titre, Nina Stemme éblouit par sa puissance vocale et ses aigus percutants et métalliques, qui conviennent parfaitement à la « princesse de glace » imaginée par Puccini. A l’applaudimètre final cependant, c’est Maria Agresta qui lui ravit la première place, en Liù particulièrement douce et émouvante, avec des « pianissimi » stratosphériques absolument ébouriffants. Mais la révélation de la soirée est le ténor Stefano La Colla, remplaçant Aleksandrs Antonenko. Son Calaf lance des aigus vaillants et héroïques, avec une émission parfaitement maîtrisée, s’offrant même le luxe d’un « Nessun dorma » percutant en fin de soirée, sans signes de fatigue ni de stress. A n’en pas douter, ce chanteur prometteur devrait bientôt faire parler de lui dans les emplois dramatiques du répertoire italien. Le spectacle vient tout droit d’Amsterdam, où il a été créé en 2002. Dans un immense décor étouffant aux teintes rouges représentant une Chine stylisée, Nikolaus Lenhoff joue la carte du grotesque, moitié cirque moitié « commedia dell’arte », avec un peuple de Pékin formant une masse anonyme et masquée, qui se délecte du sang et des sacrifices offerts. Le corps de Liù gît sur scène durant tout le duo final, au cours duquel Calaf fait symboliquement descendre Turandot de son piédestal en lui enlevant tout d’abord sa couronne puis son manteau noir. La princesse de glace se transforme alors en femme amoureuse. Ces représentations feront date dans l’histoire de la Scala.



Claudio Poloni

 

 

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