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Vers l’original et au-delà

Tourcoing
Théâtre municipal Raymond Devos
04/19/2015 -  et 21, 23* avril 2015
Claude Debussy : Pelléas et Mélisande
Sabine Devieilhe (Mélisande), Guillaume Andrieux (Pelléas), Alain Buet (Golaud), Renaud Delaigue (Arkel), Geneviève Lévesque (Geneviève), Liliana Faraon (Yniold), Geoffroy Buffière (Un médecin, Un berger), Clémentine Allain, Marilyne Fontaine, Clémence Longy, Aude Macé (comédiennes)
Ensemble vocal de l’Atelier lyrique de Tourcoing, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire (direction musicale)
Christian Schiaretti (mise en scène), Fanny Gamet (scénographie), Thibaut Welchlin (costumes), Julia Grand (lumières), Elisabeth Delesalle (maquillages, coiffures), Adrien Dupuis-Hepner (assistant à la mise en scène)




Toujours en quête d’authentique, Jean-Claude Malgoire et son Atelier lyrique de Tourcoing ne se sont pas arrêtés aux limites du répertoire baroque, où ils ont fait leurs armes. En témoigne la nouvelle production de Pelléas et Mélisande, dont on entend la version initiale de Debussy, avant les ajouts d’interludes exigés par Albert Carré, le directeur de l’Opéra Comique, afin de permettre les changements de décor.


La mise en scène de Christian Schiaretti, un fidèle de la maison tourquennoise, s’inscrit dans cette logique d’économie dramatique, sinon de décantation. Ponctuée par un simple rideau ondulant, la succession de tableaux se fait au diapason de la fluidité de la partition, sans céder à la facilité d’un décor jouant l’envers du théâtre. L’approche sobre ne verse jamais dans l’intellectualité, et restitue la paradoxale sentimentalité d’un drame qui semble en fuir la chair, ou du moins l’éluder. A ce titre, les lumières de Julia Grand, dans leur admirable versatilité, distillent la subtile alchimie des atmosphères: mêlant le vert, féminin, de Mélisande et le rouge masculin, de Golaud ou Pelléas, elles suggèrent avec délicatesse ce que le texte tait, sans jamais déflorer le poétique mystère des situations. L’arbre ou la lune, qui pourraient signer une littéralité illustrative, participent de l’essence évocatrice du spectacle. Au demeurant, le retour aux sources ne se laisse pas enfermer par le marbre de la lettre, et s’autorise à insérer, au début du cinquième acte, la scène des servantes du drame de Maeterlinck, que Debussy n’a pas mise en musique. A l’aune du rôle de ces figurantes, veillant silencieusement la sublimation de l’âme de Mélisande, le procédé ne rompt guère la cohérence de l’ensemble, et la prosodie de l’ouvrage s’accommode de la déclamation des quatre comédiennes, qui ne s’éloigne pas trop de son esthétique originale.


La réussite se prolonge sur un plateau qui confirme la vitalité du chant français, et tout particulièrement de la nouvelle génération. Pour sa première Mélisande, Sabine Devieilhe ne se contente pas de l’éther où l’on corsète parfois le personnage: s’autorisant des accents aux confins du parler, elle donne corps à la fragilité de la jeune femme, et en préserve l’impénétrable ambiguïté. La soprano française confirme ainsi que ses talents ne se limitent pas à une vocalité sur pointes. Egalement en prise de rôle, Guillaume Andrieux livre un Pelléas sensible, dont la juvénilité n’empêche nullement une certaine maturité de style. Dans ce registre, Alain Buet n’a plus rien à prouver, et son Golaud affirme une carrure que n’égratignent point trop les ans. Renaud Delaigue fait vibrer de manière relativement équilibrée le paternalisme d’Arkel, tandis que Geneviève Lévesque retient Geneviève à distance raisonnable de toute caricature. On appréciera également la fraîcheur de Liliana Faraon en Yniold, ainsi que le solide et honnête Geoffroy Buffière en Médecin et Berger. Outre le travail estimable des chœurs, il convient de saluer l’orchestre de La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, que Jean-Claude Magloire emmène avec un succès indéniable hors de ses territoires usuels. L’effectif légèrement réduit allège le poids des cordes et favorise la transparence autant que la ductilité de l’ensemble. L’œil et l’oreille concordent ainsi harmonieusement.



Gilles Charlassier

 

 

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