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Du cabaret à la forêt

Paris
Philharmonie 1
04/18/2015 -  et 19 avril 2015*

18 avril, 19 heures
Paul Hindemith : Neues vom Tage: Ouverture
Kurt Weill : Die sieben Todsünden – Die Dreigroschenoper: Suite (arrangement Max Schönherr)
Eduard Künneke : Tänzerische Suite (extraits)



19 avril, 16 heures 30
Carl Maria von Weber : Die Aufforderung zum Tanz, opus 65 (orchestration Hector Berlioz)
Felix Mendelssohn : Concerto pour piano n° 1, opus 25
Robert Schumann : Symphonie n° 1 «Frühlingssinfonie», opus 38

Ute Lemper (chant), Markus Zapp, Manuel Warwitz (ténors), Reiner Schneider-Waterberg, Marcus Schmidl (basses), Bertrand Chamayou (piano)
Orchestre de Paris, Thomas Hengelbrock (direction)



T. Hengelbrock (© Bertold Fabricius)


Week-end allemand pour l’Orchestre de Paris qui, sous la direction de Thomas Hengelbrock, silhouette souple et geste précis, passe du Berlin des années folles au romantisme bon teint. L’occasion de montrer qu’il peut, avec un égal bonheur, jouer les répertoires les plus divers, fort du travail accompli grâce à Paavo Järvi.


L’escapade berlinoise commence par une Ouverture de concert sur les thèmes de Neues vom Tage, où le chef capte les acidités anguleuses de ce Hindemith iconoclaste, avec même parfois une pointe de mystère. Convoquer Ute Lemper pour Les Sept péchés capitaux de Kurt Weill, c’était nous plonger dans l’ambiance de Cabaret. Mais le micro et la sonorisation ne flattent pas une voix réduite à quelques notes et à l’aigu ululant. Cela dit, il reste une inimitable présence, féline, canaille, parfois sulfureuse : un simple mouvement de la taille, des mains, des épaules suffit à ressusciter tout un monde. Les quatre voix masculines, elles, sont magnifiques – moins desservies par la sono. L’orchestre ? Superbe... mais la version symphonique trahit l’esprit, beaucoup plus corrosif, de l’œuvre, que le chef tire d’ailleurs vers Mahler. Cela dit, la direction est tellement généreuse et déliée, l’orchestre tellement brillant qu’on se laisse séduire. La chanteuse donne trois bis : une grisante complainte de Mackie, de L’Opéra de quat’sous, cette fois tout à fait dans ses notes, puis des extraits de Lady in the Dark et Happy End. Pas moins symphonique, pas moins malhérienne la Suite de L’Opéra de quat’sous « arrangée » par Max Schönherr, où le chef et ses musiciens montrent autant de panache que de gouaille. Ils se régalent visiblement de cette musique, comme de la Suite dansante, «concerto grosso pour jazz-band et grand orchestre», de Künneke, figure oubliée de cet entre-deux-guerres allemand, créée à Berlin lors de la Foire internationale des techniques radiophoniques – à la fois référence et pied-de-nez au concerto grosso. Ca swingue, ça fuse, ça brille, dans une fête sonore déhanchée que Hengelbrock déchaîne et maîtrise tout à la fois avec une époustouflante maestria. En bis, une autre partie de la Suite dansante – ils n’en avaient donné que trois sur cinq.


On ne le verra pas moins à l’aise dans la forêt romantique allemande, où le printemps schumannien, dès l’Andante-Allegro initial, annonce l’Eveil de Pan de la Troisième Symphonie de Mahler. Interprétation pleine de saveur et de sève, où la pâte sonore est aussi fluide que dense, où l’énergie rythmique ne nuit jamais à la clarté polyphonique. Le mouvement lent, ainsi, garde sa poésie rêveuse, avant un Scherzo sanguin et un final euphorique et dansant – jusqu’au bout la partition aura conservé sa fraîcheur incisive, notamment par le travail sur l’articulation, sans perdre sa grandeur panthéiste, là où d’autres la tirent vers un romantisme plus tardif. Rien de plus naturel pour un concert placé sous le signe de l’Invitation à la valse, avec en hors-d’œuvre la célèbre page de Weber orchestrée par Berlioz : le chef y fait jouer sur les pointes un orchestre d’une légèreté diaphane – très beau violoncelle d’Eric Picard au début et à la fin. L’orchestre est superbe, ensuite, pour un Premier Concerto de Mendelssohn pétillant, où il a même tendance à dominer le piano, du moins dans les mouvements rapides. Est-ce l’acoustique, est-ce le jeu de Bertrand Chamayou ? Aussi brillant soit-il, ce Mendelssohn sonne trop monochrome, trop peu timbré, malgré les très belles nuances du mouvement lent – comme le lied « Sur les ailes du chant » transcrit par Liszt pour clavier seul.



Didier van Moere

 

 

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