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Eminemment viennois

Paris
Philharmonie 2
04/15/2015 -  
Ludwig van Beethoven : Fantaisie en sol mineur, opus 77 – Sonate pour piano n° 17 «La Tempête», opus 31 n° 3
Anton Webern : Variations, opus 27
Johannes Brahms : Sonate pour piano n° 3, opus 5

Elisabeth Leonskaïa (piano)


E. Leonskaïa (© Julia Wesely)


Il est d’usage de dire d’Elisabeth Leonskaïa qu’elle est la dernière représentante d’une école du piano soviétique du XX° siècle dont les meilleurs fleurons auront étés Guilels, Richter, Neuhaus, Nikolaieva et encore aujourd’hui Elisso Virssaladjze. Cette pianiste d’origine géorgienne qui vient de fêter ses soixante dix ans, possède certes les qualités purement sonores et la technique infaillible qui sont les dénominateurs communs à ces pianistes mais il y a chez elle quelque chose d’irrésistiblement viennois qui est sa profonde singularité. Elle avait choisi pour se produire dans la série «Piano 4 étoiles», désormais retranchée à la porte de Pantin, un programme éminemment viennois: Beethoven, Webern et Brahms.


Et quelle science du programme, avec en préambule une œuvre rare, inclassable de Beethoven, sa Fantaisie en sol mineur, une succession de fragments sans grands repères mélodiques à la façon d’une improvisation! Lui succédaient les Variations opus 27 de Webern, son unique opus pianistique, dans lequel tout est dit en si peu de moyens. C’était mettre les auditeurs «en oreilles» pour écouter les deux grands chefs-d’œuvre du piano romantique qui constituaient le corps du programme, la Sonate «La Tempête» de Beethoven et la Troisième Sonate de Brahms.


Tout chez Elisabeth Leonskaïa force l’admiration. Son allure majestueuse et sa tenue sereine devant l’instrument. Une véritable force physique se dégage de sa personne mais on reste sous le charme d’une grâce et d’un calme qui imprègnent son approche des œuvres. La sonorité est admirable, pleine, jamais forcée, et c’est un tour de force dans l’acoustique hyper sèche de l’auditorium de la Cité de la musique, désormais «Philharmonie 2», d’avoir pu donner tant de couleurs et fait jaillir tant de chaleur de son instrument. De la fantasque Fantaisie de Beethoven, comme des Variations de Webern, elle a donné une lecture transparente et d’une objectivité totale, sans affect exagéré, leur restituant parfaitement leurs caractères respectifs d’œuvres initiatiques et, osera-t-on, écrire purement intellectuellement pianistiques. Elle a ensuite entraîné son public dans deux récits passionnants autant dans les développements beethovéniens que dans les fulgurances brahmsiennes, avec une science de la continuité et une passion contenue et surtout une intensité qui culminait dans le cantabile des mouvements lents des deux sonates.


L’avenir dira si les pianistes qui se produisent dans cette série de concerts ont gagné à la translocation de Pleyel vers La Villette. A Pleyel, on savait, en évitant quelques zones acoustiquement mortes, faire la part entre une sonorité parfois trop absorbante et le jeu des pianistes que l’on connaissait. La Philharmonie 2 offre une acoustique uniformément sèche qui, des derniers rangs du balcon, surexpose les défauts de l’instrument et on a pu constater un usage de la pédale un peu exagéré chez une pianiste dont ce n’est pas le péché mignon. Dans les deux bis un peu inutilement ajoutés à un programme si accompli, plus encore dans «Feux d’artifice» de Debussy que dans les extraits de la Sonate en la majeur de Schubert, l’inadéquation de la salle et de l’instrument était criante. Elisabeth Leonskaïa s’y produira de nouveau le 16 janvier 2016, le programme annonçant Brahms, Schubert et Prokofiev.



Olivier Brunel

 

 

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