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Pluie euphorisante

Paris
Théâtre du Châtelet
03/12/2015 -  et 13, 14, 15, 17, 18*, 19, 20, 21, 22, 24, 25, 26 mars 2015
Nacio Herb Brown : Singin’ in the Rain
Dan Burton (Don Lockwood), Daniel Crossley (Cosmo Brown), Clare Halse (Kathy Selden), Emma Kate Nelson (Lina Lamont), Robert Dauney (R. F. Simpson), Jennie Dale (Dora), Matthew Gonder (Roscoe Dexter), Matthew McKenna (Rod, Tenor), Karen Aspinall (Zelda)
Orchestre de chambre de Paris, Gareth Valentine (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène et lumières), Anthony Powell (costumes), Stephen Mear (chorégraphie), Tim Hatley (décors), Ian Burton (dramaturge), Giuseppe Di Iorio (lumières)


C. Halse, D. Burton, D. Crossley (© Théâtre du Châtelet/Patrick Berger)


Si Jean-Luc Choplin continue d’offrir à son public à un tel rythme des musicals à un tel niveau de qualité et de professionnalisme, il va bientôt falloir rebaptiser la place du Châtelet! On n’y compte plus les triomphes, depuis les œuvres de Stephen Sondheim qu’il a fait découvrir au public parisien au cours des précédentes saisons (A Little Night Music, Sweeney Todd, Into the Woods), jusqu’aux grands classiques du genre que sont My Fair Lady, Carousel, The King and I et, au début de la saison, la création d’Un Américain à Paris, le musical d’après Gershwin. Avec Singin’ in the Rain, c’est l’adaptation déjà tentée à Broadway et à Londres du célébrissime film sexagénaire de la MGM dont la chorégraphie de Gene Kelly et Stanley Donen fait partie des mythes du cinéma technicolor américain. Jean-Luc Choplin sait trouver les talents et ne pas changer une équipe qui gagne. Pour cette nouvelle production, il a fait appel pour la chorégraphie à Stephen Mear, spécialiste des claquettes qui l’avait déjà réalisée à Londres, et pour la mise en scène à Robert Carsen, qui avait si bien réussi sur la même scène lors des saisons précédentes Candide de Bernstein et My Fair Lady d’Alan Jay Lerner et Frederick Loewe.


On retrouve avec bonheur le génie créatif du metteur en scène canadien, la légèreté et l’invention qu’il a su introduire dans les spectacles lyriques passés au rang de spectacles cultes, et toujours repris, de ses débuts comme Le Songe d’une nuit d’été de Britten et La Flûte enchantée pour Aix-en-Provence ou le cycle Puccini réalisé à l’Opéra de Flandre avec Silvio Varviso (La Bohème, La Fille du Far West, le Triptyque), trop vite transformés en système le succès venant. Carsen a joué le clin d’œil au cinéma en réalisant un spectacle presque entièrement en noir et blanc à l’exception du grand ballet Broadway Melody traité dans les tons ors et sépia et de la scène finale, où toute l’équipe en cirés jaunes et parapluies rouges reprend sous une vraie pluie la chanson éponyme dans les couleurs légendaires de l’affiche du film. Les films réalisés pour le spectacle sont magnifiques, certains tournés à Versailles. Les décors de Tim Hatley, qui changent à vue avec une ingéniosité constante, évoquent tour à tour les studios de tournage (on y réalise le film dans le film), la façade d’un cinéma et autres intérieurs somptueusement réalisés dans toutes les déclinaisons possibles de noir et blanc. De même, les costumes Années folles d’Anthony Powell sont simples poétiques et efficaces pour évoquer cette période de passage du cinéma muet au parlant qui est la clef de l’intrigue du film et du spectacle. L’humour jaillit à chaque scène grâce à la légèreté avec laquelle Carsen dirige son équipe et le spectacle, auquel on aurait préféré une continuité de film sans entracte, passe comme un songe.


L’équipe réunie est absolument superlative avec des acteurs chanteurs comédiens britanniques d’un professionnalisme époustouflant: Don Burton, qui a la lourde charge de reprendre le rôle de Don Lockwood immortalisé par Gene Kelly, et l’inénarrable Emma Kate Nelson, dans celui de sa partenaire Lina Lamont, dont la voix de crécelle et les allures de dinde ne lui permettent pas le passage au cinéma parlé. Excellents aussi Clare Halse dans le rôle de Kathy, dont s’éprend Lockwood, et Daniel Crossley dans celui du compositeur Cosmo Brown. Danseurs, choristes, figurants et même Lambert Wilson, qui apparaît quelques minutes dans une projection, méritent tous les mêmes éloges car il s’agit d’une réussite d’équipe que vient renforcer l’excellent Orchestre de chambre de Paris dirigé par Gareth Valentine avec un parfait sens du jazz et un timing plus que précis dans les nombreux numéros chantés (tous des tubes) et dansés parsemant cette vertigineuse et euphorisante comédie.


Le Châtelet affiche complet mais le spectacle sera repris du 27 novembre au 15 janvier prochains. A bon entendeur...



Olivier Brunel

 

 

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