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Résignation musicale

Paris
Théâtre du Châtelet
11/15/1999 -  et 17, 19, 21 novembre 1999
Luciano Berio : Outis
Alan Opie (Outis), Maryline Fallot (Emily), Luisa Castellani (Ada), Luca Canonici, Monica Bacelli (Marina), Ofelia Sala (Olga), Elena Brilova (Samantha), Dominique Visse (Guglielmo), Roy Stevens (Pedro), Donald Maxwell (Double d'Outis)
Choeur Accentus, Orchestre de Paris, David Robertson (direction)
Yannis Kokkos (mise en scène)

Personne ne nous pétrira de nouveau de terre et d'argile,
personne ne soufflera la parole sur notre poussière.
Personne.
Paul Celan (extrait de Psaume de Die Niemandsrose, 1963)


"Personne" se dit outis en grec, pour Berio, et Niemand, en allemand, pour Celan. Personne, c'est à dire rien, comme les déportés que l'on déshumanisait avant de les tuer. Dario Del Corno, dans son livret, cite plusieurs poètes, mais spécialement Paul Celan et place ainsi son propos sous le signe de "l'événement" Auchswitz. La vente aux enchères, les marchés financiers, la pornographie, le supermarché, qui prennent place dans ce texte, ne devraient être vus - dans leur vulgarité et leur oubli de l'humain - que comme événements secondaires de cette événement principal. Et le temps, surtout, aurait perdu sa linéarité pour tourner en cycles plus ou moins parfaits à partir de cet événement que la mémoire ne pourrait effacer. Le personnage Outis, en effet, meurt au début des cinq cycles pour ressusciter immédiatement. Le propos est ambitieux et profond, philosophique, mais la dimension théâtrale est inexistante, bien sûr. Et les mots de Celan prennent un poids qui rend celui de la musique bien léger ! Car A-Ronne (1975), Coro (1977), Un re in ascolto (1989) sont bien loin et la musique de Berio est souvent étale et complaisante, résignée et lasse. Quels enjeux parcourent cette musique ? On reste sur sa faim. Yannis Kokkos fait ce qu'il peut et transforme la vacuité théâtrale et le statisme musical en images souvent fort belles, avec tout son talent habituel. Mais le temps passe sans laisser de marques.



Philippe Herlin

 

 

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