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Sans magie

Vienna
Staatsoper
03/05/2015 -  et 9, 13 mars 2015
Jules Massenet: Werther
Jean-Francois Borras (Werther), Ludovic Tézier (Albert), Angela Gheorghiu (Charlotte), Alfred Sramek (Le Bailli), Daniela Fally (Sophie), Benedikt Kobel (Schmidt), Hans Peter Kammerer (Johann)
Ballet, Chor und Orchester der Wiener Staatsoper, Frédéric Chaslin (direction)
André Serban (mise en scène), Peter Pabst (scénographie), Petra Reinhardt (costumes)


J.-F. Borras, A. Gheorghiu (© Wiener Staatsoper/Michael Pöhn)


Un mélange de curiosité, d’excitation et de craintes entourait cette reprise de Werther; on nous annonçait le grand début sur scène d’Angela Gheorghiu dans le rôle Charlotte – mais n’allait-elle pas se désister au dernier moment? On entendait aussi dire que l’exigeante chanteuse n’aimait décidément pas le gros arbre planté au milieu du décor, omniprésent dans la mise en scène d’Andrei Serban (chroniquée dans nos colonnes lors de la première en 2005). Et se présenter devant le public en blonde platine des années 1950 lui conviendrait-il? Rassurons les fans: l’arbre et la chanteuse étaient bien tous deux sur scène, et la chevelure de la soprano était intacte.


En revanche, le ténor Ramon Vargas, initialement prévu dans le rôle-titre, terrassé par la grippe, renonçait à chanter les trois représentations. Ce serait donc Jean-Francois Borras qui le remplacerait. Et c’est aussi lui qui convainc le plus; à la fois puissant et subtil, il sait moduler son vibrato pour inspirer les états d’âmes de son romantique personnage sans jamais compromettre la clarté de son élocution. C’est l’homme de la soirée, et il récolte de manière méritée la part du lion des vivats du public.


Il fallait en effet sa puissance pour passer la barrière de l’orchestre. Frédéric Chaslin assure peut-être un service correct, mais avec une fâcheuse tendance à couvrir les chanteurs plutôt que de les envelopper dans l’écrin musical composé par Massenet. L’orchestre bénéficie de la qualité de ses solistes, mais il manque aussi un sentiment d’urgence pour tenir la partition de manière organique. Les touches de couleurs instrumentales ressortent souvent avec la même hétérogénéité qu’une toile impressionniste examinée de trop près.


Sur le plan scénique, c’est Angela Gheorghiu qui insuffle le plus vie à son personnage; certains de ces mouvements et mimiques semblent être le fruit d’une initiative personnelle, et apportent de la fraicheur dans une scénographie assez terne. Elle distille son timbre de velours, pour qui parvient à l’entendre derrière l’orchestre, mais sans captiver le public. Ludovic Tézier (Alfred) démontre quant à lui une grande classe vocale «à la française», mais non exempte de rigidité, et laisse en fin de compte une impression sans grand relief. Les seconds rôles, à l’exception de Daniela Fally (Sophie), qui parvient à tirer son épingle du jeu, ne font pas forcément preuve du meilleur goût musical.


Comme attendu, tout le monde meurt à la fin – l’opéra est fini; au moment des applaudissements, la plupart des musiciens sont déjà rentrés chez eux.



Dimitri Finker

 

 

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