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Empty room !

Paris
Théâtre de la Ville
02/18/2015 -  et 18*, 19, 20, 21, 23, 24, 25, 26, 27, 28 février 2015
Angelin Preljocaj : Empty Moves (Parts I, II & III)
John Cage (création sonore) : Empty Words
Virginie Caussin, Natacha Grimaud, Nuriya Nagimova, Yurié Tsugawa, Fabrizio Clemente, Baptiste Coissieu, Sergio Diaz, Yan Giraldou (en alternance)


(© Jean-Claude Carbonne)


Angelin Preljocaj surprendra toujours son public! Il se renouvelle toujours et passe volontiers de spectacles à grand public comme Blanche Neige, Nuits et Les Quatre Saisons, qui ont fait le tour du monde, à d’autres plus intimes, comme récemment l’admirable Ce que j’appelle oubli, sur un texte de Laurent Mauvignier avec qui il va de nouveau collaborer cet été à Avignon, sans parler des grands classiques que sont Le Parc, créé pour le Ballet de l’Opéra national de Paris, ou son mythique Roméo et Juliette dans des décors urbains futuristes d’Enki Bilal.


Empty Moves, dont la première au festival Montpellier Danse avait été annulée l’été dernier en raison des mouvements sociaux déclenchés par les intermittents du spectacle, est un work in progress sur le mode abstrait, qui évolue depuis 2004 – la première partie avait été montrée sur la même scène du Théâtre de la Ville – et qui semble trouver ici sa forme définitive. Le substrat n’est pas musical, quoique que John Cage en soit l’auteur. Il s’agit d’un enregistrement sonore de Cage lisant La Désobéissance civile de Henry David Thoreau en 1977 à Milan avec en contrepoint les réactions houleuses du public italien qui chahute, vocifère, injurie cette déstructuration du poème, cette distorsion du langage. Cette archive est depuis lors passée au statut d’œuvre d’art. La performance chorégraphique est quasi inhumaine pour les quatre danseurs en tenues sportives colorées qui évoquent celles qu’affectionnait Merce Cunningham, le maître de Preljocaj, qui dansent sur la scène vide durant 105 minutes sans une seconde d’arrêt – ils se désaltèrent à deux reprises en buvant à la même bouteille sans même s’arrêter.


Dansent-ils vraiment au sens propre ? La chorégraphie est plus gymnique et acrobatique que dansante, la patte de Preljocaj est reconnaissable entre mille, son vocabulaire si singulier qui se renouvelle toujours nourrit ce flux de mouvements virtuoses, mouvements sans sens ni nécessité selon le titre. L’humour affleure toujours, surtout dans la troisième période (aucune césure ne permet de distinguer les trois parties annoncées) ; le chorégraphe n’y renie jamais l’influence de Cunningham et y pratique volontiers l’autocitation pour le grand plaisir de ceux qui connaissent et chérissent son œuvre.


Au Théâtre de la Ville, il est de coutume que les spectateurs qui n’apprécient pas le spectacle quittent la salle silencieusement et généralement cela se passe au bout de quinze minutes. Fait exceptionnel, pour ce spectacle qui a remporté un franc succès à l’applaudimètre, la salle s’est en partie vidée très progressivement, jusque dans les dernières minutes du parcours. Cela signe certainement le fait qu’une partie du public l’a trouvé trop long. Sa magie peut agir par hypnose et il peut paraître interminable à qui ne se laisse pas prendre.



Olivier Brunel

 

 

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