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Raté Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/03/2015 - et 24 (London), 30 (Madrid) janvier, 1er février (Pamplona) 2015
Giuseppe Verdi : Messa da Requiem
Maija Kovalevska (soprano), Ildikó Komlósi (mezzo), Dmytro Popov (ténor), Nikolay Didenko (basse)
Chœur Orfeón Pamplonés, Igor Ijurra Fernández (chef de chœur), London Philharmonic Orchestra, Vladimir Jurowski (direction)
D. Popov
Sur le papier au moins l’affiche apparaissait alléchante et elle avait d’ailleurs fait le plein. Un chef russe réputé, un orchestre londonien, un chœur espagnol, même si les noms des solistes, peu connus voire inconnus dans nos contrées, intriguaient. Mais la déconvenue fut totale et à tous les niveaux.
Essayons de comprendre ce qui s’est passé, ou plutôt ne s’est pas passé ce mardi soir, au Théâtre des Champs Elysées. Soyons clair, le premier responsable de cette débâcle est certainement le chef. Investi de manière très épisodique, il n’a jamais su insuffler la tension et la ligne à ce chef-d’œuvre le rendant ennuyeux, un comble, et banal, une gageure. Le geste est certes le plus souvent précis, mais aussi parfois étrangement absent, et on ne sent Vladimir Jurowski réellement concerné qu’à de très rares instants. S’il contrôle bien l’orchestre, dont il est rappelons-le directeur musical depuis 2007, comme le chœur, le moins qu’on puisse est qu’il n’en est pas de même des solistes, dont seul le ténor Dmytro Popov est à épargner.
La soprano Maija Kovalevska est incapable de chanter piano, n’a pas de médium, son intonation est souvent douteuse, elle n’écoute pas ses collègues dans les ensembles et se paie de luxe de couper le si bémol du passage a cappella final, d’ailleurs chanté forte et de manière agressive, plusieurs secondes avant le chœur. Du jamais entendu. La basse Nikolay Didenko est typiquement russe dans le sens malheureusement mauvais du terme. Le timbre est disgracieux, le chant poussé, le souffle court, obligeant à de multiples prises d’air au milieu de phrases même courtes, l’intonation est carrément fausse dans l’aigu et la musicalité absente, bref une prestation à oublier. Quant à la mezzo Illdikó Komlósi, son chant est une caricature très datée, toutes les notes sont attaquées par en dessous, la nuance piano n’existe pas non plus, le style est outré, elle poitrine avec excès et vulgarité, et le duo avec la soprano, vraiment très laborieux, devient même pénible. Seul le ténor ukrainien Dmytro Popov possède d’évidentes qualités: l’intonation est précise, la puissance au rendez-vous, le souffle bien installé et le timbre presque «barytonnant», comme souvent chez les ténors russes, a son charme. Toutefois, le mezza voce («Ingemisco») et les passages d’un registre à l’autre montrent aussi les limites actuelles de la technique.
Le chœur Orfeón Pamplonés, préparé par son chef Igor Ijurra Fernández (dont il faut chercher le nom à la page 13 du programme!), se tire assez bien de ce naufrage. Il fait montre d’un bel engagement et d’une belle discipline collective même si les passages où les pupitres sont exposés isolément («Libera me») montrent les limites de cet ensemble en termes de timbre et d’intonation. Quant à la polyphonie elle disparaît malheureusement trop souvent, sans doute en grande partie atténuée par l’acoustique sèche du lieu. On sait que le Philharmonique n’est pas le meilleur orchestre londonien et cette représentation n’incite pas à réviser son jugement. Certes la précision était au rendez-vous mais l’engagement et la beauté des timbres ne l’étaient pas. Les traits des vents sont apparus ternes, les cuivres épais, les cordes banales comme l’était également la percussion.
Un concert très décevant et à oublier très vite. Le Théâtre des Champs Elysées, généralement mieux inspiré dans sa programmation, nous doit une revanche. Andris Poga et ses forces de Lettonie, programmés le 18 mai 2015 en ce lieu pour cette même œuvre, seront donc attendus avec impatience.
Gilles Lesur
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