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Un Falstaff différent

Liège
Opéra royal de Wallonie
01/30/2015 -  et 1*, 3, 5, 7 février 2015
Otto Nicolai: Die lustigen Weiber von Windsor
Franz Hawlata (Sir John Falstaff), Anneke Luyten (Frau Fluth), Werner Van Mechelen (Herr Fluth), Sabina Willeit (Frau Reich), Laurent Kubla (Herr Reich), Davide Giusti (Fenton), Sophie Junker (Jungfer Anna Reich), Stefan Cifolelli (Junker Spärlich), Patrick Delcour (Dr. Caïus), Patrick Mignon (Un citoyen), Sébastien Dutrieux (Le thérapeute)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Christian Zacharias (direction)
David Hermann (mise en scène), Rifail Ajdarpasic (décors), Ariane Isabell Unfried (costumes), Fabrice Kebour (lumières)


(© Jacky Croisier)


L’Opéra royal de Wallonie représente pour la première fois une production des Joyeuses Commères de Windsor (1849) à l’affiche de l’Opéra de Lausanne en juin. Excellente initiative! Rare hors des pays germaniques, l’œuvre de Nicolai occupe pourtant une position importante dans l’histoire de l’opéra allemand. Vive et agréable, la musique s’avère plutôt inspirée après la fameuse Ouverture mais il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le génial Falstaff de Verdi lui fait de l’ombre. Le contenu mélodique de ces trois actes bien découpés rappelle l’influence que la musique italienne a exercée sur le compositeur – le rôle de madame Fluth, par exemple, nécessite un soprano lumineux et souple. L’histoire rassemble, dans les grandes lignes, à celle de Falstaff mais le nom de certains personnages est différent, Miss Quickly, figure haute en couleurs dans l’opéra de Verdi, est absente dans cette adaptation de la comédie de Shakespeare et sir John apparaît finalement peu souvent. Dans ce spectacle, ce dernier n’est pas l’homme bien portant et amateur de bonne chère que chacun imagine mais un être mystérieux, le plus souvent caché ou déguisé, travesti, d’ailleurs, en faune dans la dernière scène qui se termine dans une bacchanale.


Autre idée amusante de David Hermann : un thérapeute, qui parle en français (remarquable Sébastien Dutrieux), tente du mieux qu’il peut de soigner madame et monsieur Fluth, aussi névrosés l’un que l’autre, elle surexcitée, lui malade de jalousie. Les décors, qui changent régulièrement, placent l’action il y a une trentaine d’années. Celui de la dernière scène, dans la forêt, manque d’une touche de fantastique mais le cabinet du thérapeute (tests de Rorschach au mur...), le bar chic dans lequel conversent mesdames Fluth et Reich, le jardin doté d’une cabine de douche et d’une piscine gonflable ou encore la BMW lustrée par monsieur Fluth constituent une scénographie des plus plaisantes. Ce spectacle pensé et abouti illustre le potentiel théâtral de ce komisch-fantastiche Oper, qui a sa place dans le répertoire d’une maison comme l’Opéra royal de Wallonie. Capable de beaucoup d’audace et d’imagination, comme le rappellent L’Italienne à Alger à Nancy, La Flûte enchantée à Anvers et Iolanta à Metz, David Hermann appartient à une génération de jeune metteurs en scène qu’il faut suivre de près.


Soucieux des équilibres, des détails et de la précision des ensembles, Christian Zacharias rend justice à cette œuvre délicieuse. Dirigeant avec clarté et dynamisme, le chef met bien en valeur la qualité de l’orchestration de certains passages mais il n’obtient pas toujours de la rigueur et de belles sonorités de la part des musiciens : les cuivres dérapent parfois, les cordes ne scintillent pas autant qu’il convient mais les bois se montrent plus séduisants et moins inconstants. La distribution procure des bonheurs divers. Franz Hawlata réussit plutôt bien son Falstaff mais l’attention se porte surtout sur le couple Fluth que forment Anneke Luyten – timbre séduisant, chant agile, technique assurée – et Werner Van Mechelen – comédien doué, voix nourrie sur l’étendue de la tessiture.


Possédant une voix moins moelleuse que celle d’Anneke Luyten, Sabina Willeit compose une madame Reich plus quelconque tandis que le rôle de son mari ne révèle pas pleinement le potentiel de Laurent Kubla. Portant une coiffure presque aussi monumentale que celle de Marouane Fellaini, David Giusti dispose d’un timbre plutôt intéressant mais il chante le rôle de Fenton de façon banale, sans beaucoup de relief ni d’éclat. L’Anna de Sophie Junker séduit grâce à un minois irrésistible et une plastique avantageuse, qui l’autorise d’ailleurs à s’afficher en bikini sans le moindre complexe, mais la voix manque de velouté et de grâce. Stefan Cifolelli, Patrick Delcour, Patrick Mignon et les chœurs occupent le plateau avec suffisamment de conviction.


L’Opéra royal de Wallonie persiste, depuis le début de la saison, à ne plus inclure la biographie des artistes dans le programme. C’est lamentable, même si celui-ci comporte, à chaque fois, d’intéressantes contributions de Jean-Marc Onkelinx. Etrange, en outre, de n’avoir pas plutôt proposé ce spectacle à la fin de l’année passée pour les fêtes.



Sébastien Foucart

 

 

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