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Une légende vivante

Geneva
Victoria Hall
12/04/2014 -  et 23 novembre (Paris), 8 (Leipzig), 12 (Wien) décembre 2014, 1er (Carpi), 8 (La Chaux-de-Fonds), 14 (Pistoia), 18 (Genève), 23 (Bruxelles) février, 1er (Valencia), 3 (Alicante), 5 (Zaragoza), 11 (Barcelona), 17 (Budapest), 22 (Lisboa), 24 (Porto), 27 (München) mars 2015
Johann Sebastian Bach: Partita n° 1, BWV 825
Ludwig van Beethoven: Sonate n° 7, opus 10 n° 3
Frédéric Chopin: Sonate n° 3, opus 58

Grigory Sokolov (piano)


G. Sokolov


Il y a une tendance à un certain conformisme dans la musique classique. Le son des orchestres est devenu uniforme tandis que les pianistes et violonistes issus des meilleurs conservatoires peinent à se différencier les uns des autres. S’il est possible d’expliquer cet état par la facilité avec laquelle la facilité avec laquelle il est maintenant possible d’entendre les témoignages des maôtres passés et présents, il faut surtout reconnaître qu’il est particulièrement difficile et très rare de vraiment innover que l’on soit dans le domaine de la science, de la technologie ou de l’art. Il arrive cependant que des artistes frappent par leur personnalité profonde et la singularité de leur jeu. Il arrive qu’apparaissent sur la scène musicale un Arturo Benedetti Michelangeli, un Glenn Gould, un Sergiu Celibidache et comme le montre le concert de ce soir, un Grigory Sokolov.


Le style du pianiste russe ne ressemble à aucun autre. Le premier choc que l’on ressent est la qualité de son toucher et surtout la richesse des nuances qu’il obtient. Dans la Première Partita de Jean-Sébastien Bach, les reprises sont objets d’infinies variations que ce soient dans le style, legato puis notes piquées ainsi que dans de multiples variations de couleurs. Le deuxième choc vient de la profonde caractérisation de chaque instant. Sokolov ne fait pas partie de ces musiciens qui cherchent à faire ressortir l’architecture des œuvres en imposant un legato que le compositeur n’a pas réellement demandé. Certains accords ou certaines phrases sont de vraies tempêtes en miniature. Enfin, son phrasé est d’une imagination et d’une musicalité rare. Les notes y dansent et ressortent avec une beauté simplement confondante.


Ces choix esthétiques ne sont pas sans quelques risques. Certains pourraient s’étonner que le pianiste se donne tellement de libertés dans les changements de tempi dans la Troisième Sonate de Chopin alors que la Septième Sonate de Beethoven était-elle d’une pulsation régulière. A être aussi approfondis, certains passages peuvent sembler sur-caractérisés voire un peu lourds. Ainsi, donnée lors de ses nombreux bis, la « petite » Mazurka opus 33 n° 4 trouve un relief, une grandeur et une profondeur inhabituelle et un peu surprenante. Enfin, certains ornements – les trilles démarrant de la note supérieure – peuvent paraître peu familiers.


Mais ce ne sont que des peccadilles devant l’exceptionnelle originalité et profondeur du pianiste russe. Un tel style et une telle liberté ne peuvent être appris dans quelque conservatoire qui soit. Une voix aussi personnelle ne s’entend que quelques fois par siècle.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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