About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une Quatrième d’anthologie

Paris
Salle Pleyel
11/25/2014 -  et 21 novembre 2014 (Amsterdam)
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur, opus 83 – Symphonie n° 4 en mi mineur, opus 98
Emanuel Ax (piano)
Chamber Orchestra of Europe, Bernard Haitink (direction)


E. Ax (© Maurice Jerry Beznos)


Après un premier concert consacré à Brahms la veille, Emanuel Ax, Bernard Haitink et l’Orchestre de chambre d’Europe retrouvaient la salle Pleyel pour ce deuxième concert de nouveau entièrement dévolu à Johannes Brahms (1833-1897).


Dès les premières notes du cor solo et du pianiste, l’atmosphère de la salle Pleyel s’emplit d’une douce rêverie dont elle ne se départira malheureusement jamais. Malheureusement parce que le Second Concerto (1878-1881), très original dans sa forme, compte certes deux mouvements assez contemplatifs (les mouvements impairs) mais les deuxième et quatrième mouvements demandent pour leur part davantage de dynamisme et de mordant. Or, Ax et Haitink en manquent un peu, surtout dans l’Allegro appassionato qui, dépourvu néanmoins de toute lourdeur, aurait sans doute mérité davantage de nervosité. Pour autant, le jeu d’Emanuel Ax est superbe de bout en bout. Après être entré en souriant et se dandinant, comme à son habitude, le pianiste américain joue avec une grande aisance sur la diversité des couleurs, ainsi que sur les relations avec l’orchestre qui tiennent tantôt de la confrontation, tantôt de la séduction réciproque. Dans le magnifique Andante, il est souverain, prenant son temps sans verser dans le sentimentalisme, épaulé avec soin par le violoncelle solo de Richard Lester. De manière générale, on n’aura pu qu’apprécier cet art des transitions au sein des mouvements ainsi qu’entre eux, l’orchestre répondant à la moindre indication d’un Haitink économe en gestes mais maître de l’ensemble de façon véritablement palpable. Il faut dire que chef et soliste se connaissent très bien pour avoir joué maintes fois ensemble et avoir notamment donné les deux concertos de Brahms lors des BBC Proms au mois d’août 2011. Même si le public salua avec enthousiasme la prestation des artistes, Emanuel Ax regagnera les coulisses sans bis.


En seconde partie, Haitink dirigeait la Quatrième Symphonie (1884-1885) de Brahms: quelle prestation! Nul doute que ceux qui y assistèrent ce soir s’en souviendront longtemps car le chef néerlandais aura tout simplement livré une version mémorable de cette œuvre lui qui a, au disque, laissé une des plus belles intégrales de Brahms qui soient. Dès le début de l’Allegro non troppo, l’orchestre sonne avec une ampleur qui ne verse à aucun moment dans le romantisme de mauvais aloi. Les cordes, emmenées par une Marieke Blankestijn (au violon solo) plus impliquée que jamais, sont splendides, leur cohésion répondant avec soin aux interventions tout en finesse des vents, notamment d’une petite harmonie au charme ravageur. Après un deuxième mouvement superlatif, Haitink empoigne l’Allegro giocoso avec un dynamisme incroyable, où la joie et les sons explosent. Quant à la célèbre chaconne finale, elle allie dans une totale réussite la mélancolie de la mélodie, voire son caractère totalement désespéré, avec l’urgence dramatique qui pousse la symphonie à son terme. Longuement applaudi tant par les musiciens que par un public qui lui fit spontanément une standing ovation, Bernard Haitink, en assez grande forme en dépit de ses quatre-vingt-cinq ans, aura une fois encore démontré quel immense chef il était. Qui peut aujourd’hui rivaliser avec lui? C’est dire l’impatience avec laquelle on attend sa venue le 23 février prochain, à la tête de l’Orchestre national de France cette fois-ci, pour diriger notamment la Neuvième Symphonie de Bruckner: un nouveau rendez-vous qu’on espère marquer d’une pierre blanche comme celui de ce soir.



Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com