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Un retour de Nabucco

Nancy
Opéra
11/25/2014 -  et 27, 30 novembre, 2, 4 décembre 2014
Giuseppe Verdi : Nabucco
Giovanni Meoni (Nabucco), Alessandro Liberatore (Ismaele), Alexander Vinogradov (Zaccaria), Rafaella Angeletti*/Elizabeth Blancke-Biggs (Abigaille), Diana Axentii (Fenena), Kakhaber Shavidze (Grand Prêtre de Baal), Tadeusz Szczeblewski (Abdallo), Elena Le Fur (Anna), L’homme (Yves Breton)
Chœur de l’Opéra national de Lorraine, Merion Powell (chef de chœur), Chœur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Nathalie Marmeuse (chef de chœur), Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Rani Calderon (direction musicale)
John Fulljames (mise en scène), Dick Bird (décors), Christina Cunningham (costumes), Lee Curran (lumières), Maxine Braham (chorégraphie), Cécile Kretschmar (masques)


(© Opéra national de Lorraine)


La renommée de certaines pages est parfois trompeuse: l’écrasant succès du «Va pensiero» occulte ainsi quelque peu le reste de Nabucco. Un simple coup d’œil statistique confirme certes qu’il s’agit bien de l’œuvre de jeunesse de Verdi la plus représentée, et de loin, mais le rapport avec La Traviata est de l’ordre de un à trois ou quatre selon les saisons. Et en France, l’écart s’avère beaucoup plus net, où l’opus se distingue plutôt par sa rareté sur les scènes françaises – à Paris il n’a pas été joué depuis 2001. Autant dire que la nouvelle production de l’Opéra national de Lorraine à Nancy faisait, paradoxalement, événement.


Plutôt qu’une version péplum où l’on réduit parfois l’ouvrage, John Fulljames a choisi une lecture plus «bourgeoise». Le décor, réalisé par Dick Bird, reconstitue une synagogue menacée de désaffection, dans laquelle l’assemblée se réunit pour un rituel où religieux et commémoration ne font qu’un. L’errance d’un homme aux allures de gardien de musée accentue cette fragilité, tandis que deux enfants déroulent en langue hébraïque, au début de chacun des quatre actes, les citations bibliques notées en exergue sur la partition. Sans doute ce cadre unique frôle-t-il parfois un peu le théâtre de quelque Violetta. On appréciera cependant la cohérence des costumes dessinés par Christina Cunningham, évoquant quelque colonie britannique, tandis que le bureau du roi où Abigaille fouille pour trouver son acte d’esclavage ou l’empoisonnement de l’intrigante aux lisières de la mondanité rappellent les atmosphères d’Agatha Christie. Le symbolisme de l’âne et de l’idole de Baal dans les chorégraphies dissipent toute tentation trop forte de transposition réaliste. S’il n’échappe pas à un incontestable parfum anglais, le spectacle présente l’avantage de ne jamais sombrer dans un manichéisme caricatural, et séduit résolument, à défaut de convaincre sans réserve.


C’est d’ailleurs cette mesure que l’on retrouve dans la direction de Rani Calderon. Conscient des dimensions de la salle, il modère l’ardeur des pupitres de l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, se gardant ainsi d’une pompe trop ostensible, et ménage une lisibilité évidente à la facture belcantiste de nombre d’airs. En ce soir de première, la mise en place laisse encore deviner des marges de progression, en particulier de la part des chœurs au début de la représentation. La précision de l’italien ne s’avère d’ailleurs pas toujours évidente, même chez les plus remarquables solistes, à l’instar du Zaccaria d’Alexander Vinogradov. Admirable de rondeur et de densité de grain, la jeune basse surprend par sa maturité; son personnage gagnerait cependant à une élocution plus mordante, qui en affinerait l’impact. Nonobstant cela, le chanteur russe dame presque le pion à Nabucco, tenu avec allure par Giovanni Meoni, parfois d’une réelle et profonde subtilité. Remplaçant au pied levé Elizabeth Blancke-Biggs, Raffaella Angeletti, qui maîtrise bien la redoutable vocalité d’Abigaille pour l’avoir déjà incarné sur les planches, se glisse aisément dans la conception d’ensemble. Moins mise en valeur qu’à l’accoutumée, la partie de ténor trouve en Alessandro Liberatore un Ismaele à la hauteur. Diana Axentii se distingue par sa Fenena sensible, où se confirme une intéressante évolution de l’instrument. Mentionnons encore Kakhaber Shavidze, solide Grand Prêtre de Baal, ainsi que les interventions de Tadeusz Szczeblewski, Abdallo, et Elena Le Fur en Anna.


Présenté en coproduction, ce Nabucco investira une prochaine saison à Montpellier: le succès du cycle lorrain mérite amplement d’être renouvelé, ici comme ailleurs.



Gilles Charlassier

 

 

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