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Soixante ans après

Metz
Opéra-Théâtre
11/21/2014 -  et 17, 18 octobre (Reims), 23 novembre (Metz), 5, 7 décembre (Massy) 2014, 29, 30, 31 janvier, 1er (Marseille), 13, 15, 17 (Tours) février, 23, 25, 27 mars (Rennes), 12, 14 avril (Avignon) 2015
Henri Sauguet: Les Caprices de Marianne
Zuzana Marková (Marianne), Sarah Laulan (Hermia), Philippe-Nicolas Martin (Octave), Cyrille Dubois (Cœlio), Norman D. Patzke (Claudio), Carl Ghazarossian (Tibia), Jean-Christophe Born (L’Aubergiste), Tiago Matos (Le Chanteur de sérénade), Julien Bréan (La Duègne)
Orchestre de l’Opéra de Reims, Claude Schnitzler (direction)
Oriol Tomas (mise en scène), Patricia Ruel (décors), Laurence Mongeau (costumes), Etienne Boucher (lumières)


(© Williams Bonbon/Metz Métropole)


Le Centre français de promotion lyrique s’associe à pas moins de quatorze maisons d’opéra françaises et une compagnie suisse pour produire Les Caprices de Marianne (1954) d’Henri Sauguet. Excellente idée de dépoussiérer cette perle de la musique française en favorisant l’insertion professionnelle d’artistes en début de carrière. L’ouvrage s’inscrit dans la tradition de l’opéra-comique, bien qu’il ne comporte pas de dialogues parlés et que l’argument d’après la pièce d’Alfred de Musset s’achève sur la mort d’un des personnages principaux, comme Carmen d’ailleurs. La musique témoigne d’un solide métier et dégage un charme délicat et délicieusement suranné. Le langage n’est pas aussi personnel que celui de Poulenc, pour ne citer qu’un contemporain, mais il témoigne de suffisamment de personnalité pour justifier de reprendre cet ouvrage, comme à Compiègne en 2006.


La tournée, qui a débuté à l’Opéra de Reims en octobre, s’étale sur deux saisons et repose sur une double distribution. La différence d’âge peu marquée entre les neuf chanteurs réduit la crédibilité de certains personnages – Hermia, la mère de Cœlio paraît aussi jeune que son fils – mais, paradoxalement, cet opéra convient bien pour former une jeune équipe. Dans cette musique faussement simple, les chanteurs ne trébuchent pas. Distribuée dans le rôle-titre, Zuzana Marková, dont le minois rappelle celui de Marion Cotillard, possède un timbre modérément accrocheur. Si elle arrache les aigus de justesse, la soprano tchèque livre une prestation digne mais trop sage. Etoile montante de la musique française, Cyrille Dubois, remarquable de style, se montre crédible en Cœlio, dont il cerne adéquatement la candeur.


Philippe-Nicolas Martin, émancipé et en verve, nuance en comédien adroit le registre expressif du personnage d’Octave – s’il ne faut retenir qu’un nom, c’est celui-ci. Le Claudio de Norman D. Patzke ne démérite pas : du talent, de la voix, de la ligne mais le chanteur transcende peu le personnage du mari qui appelle un caractère plus fort. Sarah Laulan endosse sans difficulté le rôle d’Hermia, un personnage trop secondaire pour révéler le potentiel théâtral de l’artiste. Carl Ghazarossian semble lui aussi à l’étroit en Tibia alors que Julien Bréan cultive avec naturel la fibre comique du rôle travesti de la duègne. Enfin, vertu cardinale, la plupart des chanteurs surveillent leur diction. A la tête d’un Orchestre de l’Opéra de Reims aux cordes anonymes et aux bois secs, Claude Schnitzler cultive la demi-mesure, la discrétion et la clarté mais cette musique devrait dégager une saveur plus prononcée.


La mise en scène et la scénographie appellent peu de commentaires. Oriol Tomas apporte de l’humour, de la satire et de la poésie à cette œuvre pudique. Peu contraignant, le jeu d’acteur semble timoré, encore que le caractère des personnages de Marianne, de Coelio, de Claudio et d’Octave se détache – les prochaines représentations inciteront probablement la troupe à se libérer davantage. Le dispositif de ce spectacle itinérant doit pouvoir voyager sans contraintes : le décor, inamovible, reproduit la Galleria Umberto I de Naples au milieu du siècle dernier. Les jeux de perspective permettent d’accentuer «l’isolement et la vulnérabilité des personnages», selon la note d’intention, mais l’effet s’avère modérément réussi, ne serait-ce qu’à cause de la taille relativement modeste de la scène. Qu’importe, l’intérêt du spectacle réside ailleurs.


Le site du Centre français de promotion lyrique



Sébastien Foucart

 

 

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