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A la maison

Paris
Maison de la radio (Auditorium)
11/20/2014 -  
Maurice Ravel : Menuet antique
Camille Saint-Saëns : Concerto pour violon et orchestre n° 3 en si mineur, opus 61
Richard Strauss : Ein Heldenleben, opus 40

Luc Héry (violon)
Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti


Après l’inauguration en grande pompe du tout nouvel auditorium de Radio France voilà moins d’une semaine, la salle est désormais consacrée comme étant un des nouveaux lieux musicaux de la capitale avec lesquels il va falloir compter. Les ouvreuses ne sont d’ailleurs pas trop nombreuses pour guider un public quelque peu fébrile, quitte à elles-mêmes devoir rebrousser chemin car les errements sont aisés dans ce dédale de couloirs qui enserrent cette salle flambant neuve. La première impression visuelle est, avouons-le, assez mitigée. Si les balcons sur trois niveaux sont impressionnants, on ne peut que déplorer cette couleur blanche (en cèdre du Canada) pour la scène qui, victime au surplus d’un éclairage direct très dur et beaucoup trop présent (l’ensemble du public étant ainsi en pleine lumière alors qu’un dosage plus subtil devrait permettre de le laisser dans l’ombre et ainsi ne pas distraire l’œil par telle attitude ou telle tenue trop voyante…), ne se fond absolument pas dans l’ambiance chaude par ailleurs de cette salle aux quelque 1461 places. On ne peut qu’espérer que les concepteurs parviendront à régler ce vrai problème de luminosité qui, pour le moment, est à notre sens davantage de nature à handicaper les spectacles qu’à leur offrir l’écrin souhaité.


Après, semble-t-il, un début en demi-teinte il y a six jours, l’Orchestre national de France revenait donc sur scène pour ce concert mêlant musique française et grand répertoire germanique. Hommage au XVIIIe siècle comme Le Tombeau de Couperin, le Menuet antique (qui date de 1895 dans sa version pour piano mais qui fut ensuite orchestré en 1929 pour finalement être créé un an plus tard) est une pièce brève de Maurice Ravel (1875-1937), tout en subtilité et en finesse. A ce jeu-là, Daniele Gatti ne convainc guère, semblant très distant à l’égard de cette œuvre, où les cordes ne font preuve ni d’élan, ni de légèreté. Si les bois (notamment la clarinette basse) s’en sortent mieux, on regrette le manque d’engagement du chef italien qui distille un discours prosaïque là où l’on aurait souhaité qu’il nous raconte une histoire.


Daniele Gatti étant, comme chacun le sait, sur le départ pour prendre en 2016 les rênes de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam, et s’il faut commencer à faire un bilan de son passage à la tête du National, force est de constater que Camille Saint-Saëns (1835-1921) aura plus d’une fois été programmé sous son mandat, notamment pour ses œuvres concertantes, qu’il s’agisse du piano (on se souvient de la magnifique prestation de Cédric Tiberghien dans le Deuxième Concerto) ou du violoncelle (tout spécialement dans le Premier Concerto joué aussi bien par Tatjana Vassiljeva que par Antonio Meneses). Ce soir, place donc au Troisième Concerto pour violon (1881) avec, en soliste, un des deux premiers violons solo de l’orchestre en la personne de Luc Héry. Et force est de constater que, cette fois-ci, c’est moins l’orchestre que le soliste qui aura déçu. Dans le premier mouvement (Allegro non troppo), Luc Héry est un peu à la peine, qu’il s’agisse du point de vue technique (les aigus manquant d’assurance en plus d’une occasion) ou musical, son medium étant fréquemment couvert par un orchestre guidé pourtant avec attention par Daniele Gatti. On retrouve néanmoins ces accents dignes de la Symphonie espagnole dans le deuxième mouvement, page merveilleuse, tout en douceur, globalement bien interprétée avec, notamment, de très beaux passages lorsque les bois doivent faire écho au soliste (excellent Pascal Saumon au hautbois solo). Avec une prise de risque un rien trop mesurée, les protagonistes livrent enfin un assez bon troisième mouvement, même si Gatti aurait pu faire preuve de davantage de tonicité dans les tutti orchestraux. En bis, Luc Héry interpréta un splendide Largo tiré de la Troisième Sonate de Bach: classique mais tellement plaisant.


On avait déjà eu l’occasion d’entendre Une vie de héros par le National avec Sarah Nemtanu en violon solo: c’était en en 2009 au Théâtre du Châtelet, sous la direction du bouillonnant Andris Nelsons. Ce soir, bis repetita donc mais sous la direction de Daniele Gatti: autant la première partie avait été moyenne, autant l’interprétation de ce poème symphonique de Richard Strauss (1864-1949) aura véritablement été remarquable. Car Gatti retrouve tout à coup l’inspiration et l’engagement qui semblaient lui faire défaut au début de ce concert, l’orchestre répondant instinctivement aux différents climats souhaités par le chef. Sarah Nemtanu est excellente, même si l’on aurait peut-être souhaité accents encore plus mutins lorsqu’elle incarne, par son violon, la compagne du héros. Pour le reste, et même si les attaques des trompettes n’étaient pas toujours ensemble ou si l’on aura pu observer de légers décalages entre les violoncelles et les cuivres, c’est une version de tout premier ordre qui nous aura été donnée. Le public put à cette occasion bénéficier de l’acoustique exceptionnelle (et redoutable) du nouvel auditorium où l’on entend très distinctement le moindre trait du piccolo, de la clarinette, du cor anglais (superbement tenu par Laurent Decker), du pupitre de cors (emmené par Vincent Léonard) ou du triangle: à ce jeu-là, le National offrit sans conteste ce qu’il a de meilleur, suscitant l’enthousiasme du public au premier rang duquel figurait le patron de Radio France, Mathieu Gallet, qui, dans un récent entretien pour «prendre un dernier verre» avouait qu’il appréciait particulièrement ce poème symphonique «à la fois roboratif et jouissif». Nul doute que chacun ce soir aura donc été comblé.


Le site de Daniele Gatti



Sébastien Gauthier

 

 

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