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La Grande Guerre commémorée

Metz
Opéra-Théâtre
10/24/2014 -  et 26 octobre 2014
Catherine Glory : Un amour en guerre (création)
Nathalie Manfrino (Madeleine), Sabine Revault d’Allonnes (France), Sébastien Guèze (Jacques), Jean-Baptiste Henriat (Antoine), Antoine Chenuet (Augustin), Ke Zhang (Un soldat)
Chœur d’hommes de l’Opéra-Théâtre de Metz-Métropole, Nathalie Marmeuse (direction), Chœur d’hommes de l’Opéra national de Lorraine, Merion Powell (direction), Orchestre national de Lorraine, Jacques Blanc (direction musicale)
Patrick Poivre d’Arvor, Manon Savary (mise en scène), Valentina Bressan (décors et costumes), Patrice Willaume (lumières)


(© Metz Métropole)


En cette année où l’on commémore le début de la Grande Guerre, l’Opéra-Théâtre de Metz ne pouvait manquer d’apporter sa contribution, d’autant plus légitime que la métropole lorraine se trouve au cœur de cette profonde fracture de l’Histoire – autant par sa proximité avec le front et les tranchées, que par l’acuité singulière des enjeux de frontière et de nationalité. Un amour en guerre, la commande confiée à Caroline Glory, sur un livret de Patrick Poivre d’Arvor, a choisi la lecture intime du conflit militaire, au travers des fiançailles de Jacques et Madeleine, dont le chemin vers les épousailles a été interrompu par la mobilisation. La jeune fille se languit et subit la pression amoureuse de son voisin boiteux, et donc réformé, qui tirera profit des rumeurs sur le sort du futur mari, laissé disparu, avant que ce dernier ne revienne, à peine blessé, au jour de l’armistice. Les haines et les rancœurs se noieront alors dans les concerts de la paix retrouvée.


Sans doute convenait-il que semblable création sacrifiât au circonstanciel plutôt que prétendre se mesurer au répertoire, et qu’elle préférât à la contemporanéité, l’intemporelle accessibilité de l’après-20 heures du premier canal radio-télévisuel. Au demeurant, la mise en scène réglée par le librettiste et Manon Savary joue habilement du fond de scène pour passer de la chambre aux tranchées, du proche au lointain, de l’attente face aux hivernaux toits de Paris à la désolation d’un paysage meurtri d’obus et de bombes où ne résiste qu’un tronc d’arbre décapité. Sans doute également, la partition de Caroline Glory devait-elle privilégier un ressassement mélodique condensant l’ostinato baroque et le minimalisme à la Philip Glass, généreusement brassés en un maelström sentimentaliste digne de la cinématographie musicale mélodramatique – la musicienne en a d’ailleurs l’expérience, ainsi que son parcours le renseigne.


Si l’on reconnaît aisément la pratique du violoncelle dans le solo des retrouvailles des amants, il faut bien admettre que l’écriture vocale est souvent à la mesure de la prosodie: en instance d’adaptation. La Madeleine de Nathalie Manfrino en pâtit plus d’une fois, tandis que Sébastien Guèze parvient à en tirer parti dans son incarnation d’un Jacques qui fanfaronne parfois son héroïsme. Sabine Revault d’Allonnes réserve à France une certaine présence, que l’on retrouve dans l’Antoine de Jean-Baptiste Henriat. De même, le primat de la théâtralité du rôle sur la voix s’entend avec l’Augustin d’Antoine Chenuet. Ke Zhang fait un soldat solide et les chœurs d’hommes des maisons messine et nancéenne se sont réunis pour un indéniable effet de garnison – on reconnaîtra même une vague citation de La Madelon, couleur d’époque à fins d’illustration, comme l’ensemble du propos du spectacle. Jacques Blanc et l’Orchestre national de Lorraine suivent l’affaire, sans trop s’abîmer dans la perfection symphonique. La captation télévisuelle rendra l’ouvrage à son format inavoué, pour mieux faire partager ce tribut au centenaire.



Gilles Charlassier

 

 

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